Revue

Revue

Visite

Analyse de livre

Dans ce nouveau roman, Li-Cam aborde des thématiques très actuelles comme la santé mentale, le dérèglement climatique, les progrès de l’intelligence artificielle (IA), les transformations du langage, l’éco-anxiété. Elle décrit une évolution possible de notre société à l’horizon 2100.

LiCam, Visite, Clamart : La Volte, août 2023, 300 p.

Dans Visite, on suit plusieurs personnages de la société de la fin du XXIe siècle : un couple de retraités, trois jeunes colocataires, le gouverneur de l’Europe et son assistante, une astrophysicienne et la cheffe d’une mission spatiale. Leur quotidien se trouve bouleversé par l’apparition soudaine d’une nouvelle planète au cœur du système solaire.

Dans cet ouvrage, c’est moins l’intrigue principale qui intéressera notre œil de prospectiviste que le contexte dans lequel évoluent les personnages. On estime que le roman se déroule aux alentours des années 2100 puisque les personnages les plus âgés disent être nés pendant la période Covid. Ainsi, à la fin de notre siècle, trois évolutions majeures ont eu lieu : une refonte de la langue française, l’avènement d’une société basée sur le respect de l’environnement et de la nature, et la collaboration entre les humains et l’IA quantique.

L’autrice de ce roman propose une restructuration de la linguistique afin que la langue française soit plus inclusive. Ce nouveau langage, dans lequel est écrite la quasi-totalité du roman, ne se contente pas de l’écriture inclusive ou de la féminisation des mots, il propose de brouiller les genres, met en place un pronom neutre non systématique. Si le début de la lecture s’avère ardue, il faut bien avouer que l’on s’y adapte assez rapidement et que le sens du texte n’en est pas altéré. Li-Cam a fait le choix d’écrire son roman dans la « nouvelle langue » pour immerger encore plus le lecteur dans cette société de la fin du XXIe siècle. En effet, dans le roman, il est expliqué que la langue a été perçue comme vecteur d’oppression à la fois des hommes envers les femmes, mais également des humains envers la nature. La transformation de la langue aurait permis de poser les fondations d’une société plus juste, plus égalitaire et plus respectueuse de l’environnement. Désormais, les citoyens vivent dans « l’Écoume », un système économique et politique qui a rejeté le capitalisme et prône un respect de l’animal et du végétal. Les « écos » désignent, quant à eux, des espaces préservés et à préserver. Leur accès est réglementé, voire interdit s’agissant de ceux dans lesquels il faut laisser la nature se régénérer. On leur rend hommage dans des poèmes et des comptines....