Revue

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Vers la création d’un Web soutenable ?

La perspective d’un monde toujours plus numérique semble très largement partagée, au point que certains acteurs majeurs de cette économie espèrent que leurs technologies vont « solutionner [1] » les principaux défis du siècle à venir [2]. Contre cette vision trop unilatérale cependant, à rebours des espoirs d’une troisième révolution industrielle [3] rendue possible par les smart et autres microgrids, d’autres mouvements entendent estimer avec plus de réalisme les enjeux et conditions du développement d’un Web soutenable [4].

Ces réflexions en direction d’une informatique durable (green IT) [5] prennent au sérieux la question des impacts écologiques des technologies de l’information et de la communication autant que celle des conditions sociotechniques de cette évolution dans un environnement d’accès aux ressources tendu. Leur acception est souvent également politique, car il s’agit tout autant, avec l’idée de Web soutenable, de penser des structures facilitant leur appropriation collective et l’empowerment de leurs utilisateurs.

De telles recherches vont dans plusieurs directions. D’un côté, elles visent à une meilleure évaluation de l’impact environnemental du Web [6] (en matière de ressources naturelles, de consommation énergétique, mais aussi de retombées, pollution, etc.), dans une perspective bien explicitée par les rapports annuels de Greenpeace à ce sujet [7]. D’un autre, elles préparent un Web usant d’autres types d’infrastructures, plus légères ; le concept de benign computing proposé par Barath Raghavan entend ainsi proposer un schéma global privilégiant à tous les niveaux les solutions les moins susceptibles d’impacts nocifs sur les écosystèmes [8]. De tels projets appellent par ailleurs souvent une décentralisation...