Nicolas Bouleau, mathématicien, et Dominique Bourg, philosophe, nous invitent dans ce livre, écrit sous forme d’un dialogue, à revisiter l’épistémologie, qui s’intéresse aux critères qui permettent de distinguer science et « non-science », et d’ainsi mieux comprendre comment la science conditionne notre vision de la nature. Les spéculations lancées aux États-Unis par Donald Trump sur l’existence supposée d’une « post-vérité », une symétrie de la vérité, montrent d’ailleurs que le statut de la connaissance scientifique est toujours en débat.
Les auteurs rappellent que le paysage épistémologique a été marqué, pendant longtemps, par l’alliance étroite entre la physique et les mathématiques, depuis Descartes, Galilée et Newton, qui a contribué à créer une démarcation entre science et non-science. Les grandes figures de l’épistémologie « moderniste », les positivistes notamment, ont proposé des critères de « scientificité » de concepts et de propositions. Karl Popper a postulé que la science fonctionne à partir d’hypothèses, ou de théories, qui doivent être vérifiées par l’expérience : un discours ne pourrait être scientifique que s’il était vérifiable ou réfutable (« falsifiable ») par l’expérience. Il dénie ainsi toute scientificité à la psychanalyse et au marxis...