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Remei, un modèle d’orchestrateur « responsable »

Au moment où l’on s’interroge sur les modèles d’entreprises viables de demain, une petite société suisse, Remei AG, illustre deux de ces modèles, le réseau d’entreprises et les sociétés « socialement responsables ».

Les facilités de collaboration induites par le numérique incitent de petites ou moyennes entreprises à s’organiser en réseau pour devenir ensemble plus efficaces. Chaque acteur d’un tel réseau prend des décisions dans son domaine de compétence selon un circuit court ; aussi l’ensemble se révèle-t-il généralement plus réactif qu’un grand groupe aux nombreuses strates hiérarchiques, cloisonné en silos, où une direction centralisée décide loin des réalités du terrain. Le réseau mutualise des ressources, de l’expérience, confère par la création d’une marque plus de visibilité collective et peut générer plus d’emplois. Il est à même d’obtenir des fournisseurs les mêmes prix que de plus gros concurrents. Beaucoup de réseaux sont amenés à créer une structure légère qui assume ce rôle de mutualisation. C’est ainsi que fonctionnent par exemple le Groupe TVI, créé en 1998, regroupant aujourd’hui 83 réparateurs de camions qui totalisent 1 200 salariés [1], ou Synerga [2], ensemble trentenaire de 38 cabinets d’audit et expertise comptable indépendants, soit plus de 1 000 personnes depuis 2014. Ce sont deux exemples pérennes de réseaux de pairs, chacun des membres jouant le même rôle. Ainsi de petites entreprises réussissent-elles à « grandir sans grossir » tout en restant indépendantes, même dans un contexte français défavorable à la croissance des PME (petites et moyennes entreprises). La taille critique minimale des entreprises viables, déterminée selon le prix Nobel Ronald Coase par les coûts de transaction [3] est donc en train de diminuer pour les sociétés jouant les alliances durables. Aussi le Centre des jeunes dirigeants (CJD) promeut-il actuellement les alliances entre PME [4] en s’appuyant sur un jeu pédagogique efficace [5].

Cependant, lorsqu’un réseau se compose d’un nombre important d’entreprises de secteurs différents jouant des rôles spécifiques dans un grand ensemble complexe, il devient indispensable qu’un acteur assume un rôle de chef d’orchestre. La fonction de cet orchestrateur consiste à organiser les coopérations, les complémentarités des apports des acteurs indépendants, en veillant au bon fonctionnement de l’ensemble pour fournir aux clients finaux les prestations promises dans le respect des intérêts de chacun. Beaucoup croient qu’un tel système ne peut fonctionner longtemps, faute des...