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Que mangerons-nous en 2050 ?

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« Que mangerons-nous en 2050 ? » : tel est le titre d’un serious game qui imagine l’alimentation durable de demain.

À destination des acteurs des territoires, « Que mangerons-nous enn 2050 ? » est un serious game créé et développé par l’association Solagro afin de les aider à construire leur stratégie pour une alimentation durable à l’horizon 2050. Le jeu met en lumière les relations et les interdépendances entre alimentation, climat et occupation des espaces. L’objectif est de créer un espace de dialogue entre les parties prenantes (incarnées par différents joueurs ou groupes de joueurs) afin d’entamer une collaboration qui aboutisse à un approvisionnement durable en 2050. Les variables prises en compte sont : la surface agricole mobilisée (surface agricole utile / SAU, mesurée en hectares), les apports nutritionnels recommandés (en kilocalories) et l’impact des émissions de gaz à effet de serre (en tonnes d’équivalent CO2).

Les joueurs doivent atteindre un score cible équilibré en tonnes d’équivalent CO2 et en hectares. À l’issue de l’atelier, un plan d’action est coconstruit afin de faciliter une mise en œuvre rapide du projet.

Le jeu se base sur un travail prospectif Afterres 2050, mené par Solagro en 2016. Dans ce travail de prospective exploratoire, les experts (composés d’agriculteurs, de scientifiques, d’institutions et de citoyens) se sont mis d’accord sur un scénario d’équilibrage alimentaire à l’horizon 2050. Ce scénario est la combinaison d’hypothèses qui leur a semblé la plus cohérente, la plus réaliste et la plus soutenable. Les leviers d’action de ce scénario sont l’évolution du régime alimentaire, l’évolution des systèmes et des pratiques agricoles, les flux d’import-export avec le reste du monde, la préservation des surfaces disponibles. Les objectifs à atteindre en 2050 sont les suivants : la diminution d’un tiers de la surconsommation, les pertes et gaspillages alimentaires réduits de moitié, et une alimentation composée d’un tiers de protéines animales et deux tiers de protéines végétales (soit la proportion inverse par rapport à 2010).

Ces objectifs sont atteignables sans rupture technologique. Ils permettent à l’horizon 2050 de :

  • diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture et d’atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050 ;
  • diviser par trois les traitements phytosanitaires sur les cultures, et par deux et demi la consommation d’azote minéral (engrais chimiques) ;
  • diviser par deux les prélèvements d’eau pour l’irrigation des cultures d’été ;
  • diviser par deux la consommation d’énergie, et mobiliser la biomasse agricole et forestière dans le respect du bon fonctionnement des écosystèmes.

Pour obtenir des objectifs chiffrés, les experts se sont basés sur un outil de modélisation développé par Solagro : MoSUT (Modélisation systémique de l’usage des terres) qui met en correspondance les besoins de consommation (exprimés en tonnes de produits) avec des tonnes de production, des hectares, des rendements, des mètres cubes d’eau, des tonnes d’engrais et de produits phytosanitaires nécessaires à la production. Il détermine également les impacts en matière d’émissions de gaz à effet de serre.

Notons que de plus en plus de travaux de prospective se déclinent en serious games. Ce type de dispositif, s’il nécessite un fort investissement de départ en temps de conception, permet aux acteurs de s’approprier rapidement les enjeux prospectifs et leurs implications (les rapports prospectifs sont souvent assez conséquents et difficilement appropriables par ceux qui n’y ont pas participé). Il permet d’amorcer la réflexion prospective dans les organisations, et surtout de visualiser assez simplement les leviers d’action et les interactions entre les différentes parties prenantes sur un territoire donné.

#Alimentation #Développement durable #Jeux #Prospective