Revue

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Pour une société du compromis

Analyse de livre

Voici un « appel au compromis » qui vient à point nommé, en un temps où les outrances, la radicalité et les propos haineux dominent les scènes médiatique et politique. Les deux auteurs s’appuient sur leur champ d’expertise respectif (la vie des entreprises, le syndicalisme, les pratiques sociales, le monde des idées) pour nous décrire une France bien plus positive et solide que celle que nous présentent les récits politiques. Une France où « les gens aiment leur entreprise, et aiment leur famille et leur jardin », et où ils sont plus demandeurs de stabilité, d’écoute et de considération que de révolutions, fussent-elles « coperniciennes ». Une France où les jeunes ne sont pas « devenus paresseux et rétifs à toute forme d’effort » mais « attendent davantage en matière de réalisation de soi, de leur travail ».

Berger Laurent et Viard Jean, Pour une société du compromis, La Tour d’Aigues : L’Aube, avril 2024, 118 p.

Parmi les raisons qui ont poussé notre société à se polariser vers les extrêmes, certaines sont bien connues — l’excessive verticalité du pouvoir politique, l’enchaînement des crises sanitaires, géopolitiques et économiques, ou le rôle toxique des réseaux sociaux. D’autres le sont moins, comme les effets déstabilisants d’une « discontinuité », qui concerne aussi bien la vie professionnelle que la vie affective et familiale ; ou le télescopage, inédit dans l’histoire économique, de deux révolutions industrielles, l’une écologique et l’autre numérique.

Les auteurs pointent aussi, pour la France, l’aveuglement idéologique d’une gauche politique qui « n’aimant pas les entreprises, a fini par haïr...