Revue

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Pour une écologie politique

Au-delà du Capitalocène

Analyse de livre

Cet ouvrage se présente, en quatrième de couverture, comme un « livre fondamental pour comprendre l’articulation du capitalisme et de l’écologie ». Il apporte effectivement de précieux éclairages pour appréhender ce que pourrait être le prochain âge du capitalisme, celui qui succédera au cycle néolibéral, initié en 1980, et aujourd’hui à bout de souffle.

Aglietta Michel et Espagne Étienne, Pour une écologie politique. Au-delà du Capitalocène, Paris : Odile Jacob, février 2024, 480 p.

Les premières qualités de l’ouvrage, écrit à deux mains, sont la richesse de sa documentation et la volonté des auteurs de croiser différentes approches — économiques, historiques et géopolitiques. Cette richesse et cette double rédaction se payent de quelques discontinuités dans le propos. Ce livre doit donc plus être lu comme une « succession d’éclairages » que comme un essai tenu, de l’introduction à la conclusion, par une seule idée directrice.

Deux des éclairages proposés sont particulièrement pertinents. Le premier concerne la très longue histoire des relations entre le capitalisme et l’écologie, une histoire qui s’est, selon les auteurs, déployée en cinq grandes étapes, caractérisées chacune par des rapports particuliers avec la nature : l’âge préindustriel (découverte du monde, débuts de l’industrie), la révolution industrielle du XIXe siècle (charbon, nations et colonies), la première moitié du XXe siècle (charbon, pétrole et guerres mondiales), les Trente Glorieuses années de l’après-guerre (automobile, redistribution et progression rapide de l’empreinte écologique) et les 40 dernières années néolibérales (mondialisation et explosion de l’empreinte écologique), qui touchent à leur fin.

Le second concerne les stratégies adoptées par les principaux blocs civilisationnels — la Chine, l’Europe et les États-Unis — qui dominent aujourd’hui l’économie mondiale, pour concilier capitalisme et écologie.

La Chine s’est fixé pour objectif d’être en 2060 un modèle de « civilisation écologique » et pourrait à terme devenir une référence pour les partisans d’un « autoritarisme vert ». Proposée ...