Revue

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Planned in Plain Sight

A Review of the Intelligence Failures in Advance of January 6, 2021

Analyse de rapport

Ce rapport d’une commission à majorité démocrate du Sénat américain, publié le 27 juin 2023, précise les manquements du renseignement américain en amont de l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, et appelle les agences fédérales de renseignement à faire preuve de plus d’imagination et d’une meilleure organisation.

Peters Gary (rapporteur), Planned in Plain Sight: A Review of the Intelligence Failures in Advance of January 6, 2021, Washington, D.C. : HSGAC (U.S. Senate Committee on Homeland Security & Governmental Affairs), juin 2023, 106 p.

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Intitulé Planned in Plain Sight, le document accuse les agences fédérales de renseignement, notamment le FBI (Federal Bureau of Investigation) et le bureau de renseignement et analyse (I&A) de la sécurité intérieure (dépendant de l’US Department of Homeland Security — Office of Intelligence and Analysis), de ne pas avoir su exploiter les nombreux renseignements ni les informations en sources ouvertes — essentiellement les réseaux sociaux — qui laissaient craindre ce type d’événement.

Ce document complète un autre rapport du Sénat de juin 2021, précisant les responsabilités dans les erreurs d’analyse et de diffusion du renseignement, ainsi que les failles institutionnelles. Se focalisant moins sur le rôle joué par Donald Trump, largement documenté par la Commission de la Chambre des représentants, le rapport insiste sur les défauts de coopération entre agences et l’absence d’alerte sérieuse portée vers les autorités. Ces critiques, résonnant avec celles formulées à la suite des attentats du 11 septembre 2001, soulignent également — comme au début du siècle — le manque d’imagination de la communauté du renseignement : « Réitérant le “manque d’imagination” décrit par la Commission sur les attentats du 11 septembre près de 20 ans plus tôt, les processus de renseignement qui ont précédé les événements du 6 janvier ont fait preuve d’un parti pris consistant à ignorer les renseignements qui évoquaient un événement sans précédent [1]. »

Un événement inimaginable ?

En quoi l’événement était-il sans précédent ? Le Capitole a déjà été le théâtre de violences, liées ou non à des revendications politiques, et les autorités s’attendaient bien à des violences urbaines ce 6 janvier. Mais jamais une session conjointe du Congrès n’avait été bouleversée de la sorte. C’est donc bien la volonté de renverser par la violence les résultats du collège électoral — en pénétrant dans le bâtiment — qui n’a pas été suffisamment prise au sérieux, alors même que circulaient des avertissements explicites dans les milieux contestataires — plan des sous-sols du Capitole, appels à déloger ou éliminer physiquement les politiques. À la lecture du rapport, on comprend que les officiels focalisaient davantage leur attention sur le risque d’affrontements urbains, à la suite des agressions violentes entre pro-Trump et contre-manifestants dans les rues de Washington fin 2020.