Issu de la collaboration de quatre universitaires, cet essai est la traduction française de The Case for Degrowth, version originale parue en 2020 au Royaume-Uni. L’analyse, décentrée du contexte français, permet de prendre un certain recul sur de nombreuses dynamiques existant à l’échelle mondiale et pouvant être rattachées à la réflexion ou aux pratiques de la décroissance, et cela à un moment où ce terme est surtout utilisé pour disqualifier ses adversaires dans le champ politique.
Les auteurs sont issus d’universités espagnoles, américaines, portugaises, et de disciplines académiques diverses : économie écologique, écologie politique, discriminations de genre, de classe, ethniques, ou encore œuvrant sur les communs. Ils s’appuient sur plusieurs travaux conduits dans d’autres contextes (Amérique latine, Inde…). Cette diversité de points de vue se retrouve dans l’ouvrage et permet une analyse détachée d’une lecture seulement économique qui tend souvent à primer dans les publications sur la décroissance. Ce sont ici les contextes historique, géographique et culturel qui sont au moins autant mis en perspective par les champs de travail des auteurs.
À travers cinq chapitres, ils s’attachent tout d’abord à décrire les atouts et bénéfices qu’une politique de décroissance permettrait de considérer avant de rappeler le prix à payer et les contreparties du système économique de croissance actuel. Le troisième chapitre est consacré aux analyses des transformations de terrain déjà en cours, avant un quatrième chapitre qui propose des réformes structurelles pour orienter l’ensemble du système économique vers plus de soutenabilité écologique, et un cinquième et dernier portant sur les stratégies de mobilisation pour de tels changements.
Le premier chapitre s’attache à décrire ce qu’est la décroissance, et vu les amalgames réguliers ou discrédits caricaturaux de ces réflexions, ces précisions ne sont pas superflues. Issue de l’édition originale de 2020, enrichie après de la pandémie de Covid-19, cette entrée en matière permet de rappeler qu’il convient de penser des « systèmes capables d’ajuster la production à la baisse, de telle sorte qu’elle ne cause pas de perte de moyens de subsistance ou de vies humaines », penser des mécanismes pour « protéger les conditions d’existence quand la croissance chancelle ». Il s’agit donc bien de « ralentir délibérément les choses afin de minimiser les dommages subis par les hommes et les systèmes terrestres ».
