Revue

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Parution de la synthèse du sixième rapport du GIEC

Le 20 mars 2023, les représentants des 195 pays membres du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ont approuvé la synthèse de l’AR6 (le sixième rapport d’évaluation du GIEC). Ce document récapitule les conclusions des rapports des trois groupes de travail, le premier sur les éléments physiques du changement climatique (publié en août 2021), le deuxième sur la vulnérabilité et l’adaptation (publié en février 2022) et le troisième sur l’atténuation (publié en avril 2022).

Le rapport de synthèse ne contient pas de nouvelles données scientifiques mais réaffirme les constats tirés des publications précédentes. Il rappelle que seule une réduction drastique et immédiate des émissions de gaz à effet de serre (GES) (moins 50 % d’ici 2030) permettrait de respecter la limite de 1,5 °C d’augmentation des températures, par rapport à l’ère préindustrielle, d’ici la fin du siècle. Mais cet objectif semble hors d’atteinte au vu de la trajectoire suivie : les politiques actuelles mèneraient à une hausse de température de 3,2 °C en moyenne, rendant de nombreuses régions du monde inhabitables. Le rapport rappelle qu’actuellement, entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes vivent dans des zones vulnérables au changement climatique, et que ce chiffre augmentera dans les années à venir en raison de la hausse de la fréquence et de l’intensité des événements climatiques extrêmes (inondations, sécheresses…). Le rapport de synthèse insiste sur les politiques et actions possibles à court et à long terme qui permettraient de limiter au maximum les impacts du dérèglement climatique.

Tableau du rapport du GIEC montrant qu’il existe de multiples possibilités pour intensifier l’action en faveur de la protection du climat

Source : AR6 Synthesis Report: Climate Change 2023, GIEC, mars 2023, p. 28.

Il préconise d’accélérer le développement des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique et de diminuer les émissions de méthane, qui constituent les options d’atténuation les moins coûteuses à mettre en œuvre. La technologie de capture et stockage du CO2 (CCS), souvent présentée comme une solution prometteuse permettant de retirer du carbone de l’atmosphère, s’avère être une des options les plus coûteuses et les moins prometteuses d’ici 2030, sa mise en place se heurtant à « des obstacles technologiques, économiques, institutionnels, écologiques, environnementaux et socioculturels ».

La synthèse préconise également de renforcer les ressources financières dédiées au climat, qu’elle estime très insuffisantes et largement dépassées par les flux de financement vers les énergies fossiles. Il faudrait multiplier par un facteur 3 à 6 ces financements, comparé à ce qui est mis en œuvre actuellement, en particulier pour cibler des actions en faveur de l’adaptation. Retarder ce type d’actions compromettrait leur efficacité et augmenterait le coût à plus long terme.

Ce document servira de base scientifique en vue de la COP28 (28e conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) qui se tiendra à Dubaï à partir du 30 novembre 2023. Il s’agira d’évaluer les progrès réalisés par les pays en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre depuis l’accord de Paris de 2015. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, parle même de « manuel de survie pour l’humanité » qui paraît durant la décennie « critique », où les mesures prises avant 2025 seront cruciales pour l’avenir.

Le document rappelle aussi la hausse des émissions de gaz à effet de serre, en moyenne de 56 gigatonnes par an ⎯ hausse qui reste deux fois moins élevée que la décennie précédente ⎯, atteignant le volume le plus haut depuis deux millions d’années. Les processus d’efficacité énergétique n’auraient pas été suffisants pour compenser l’augmentation globale des émissions de certains secteurs, notamment les plus émetteurs comme les énergies fossiles, l’industrie lourde, ou encore le transport maritime ou l’aviation.

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