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L'Utopie de Thomas More revisitée

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 205, janvier 1996

« Mieux que quiconque, il a conscience de l’impasse politique sociale et idéologique dans laquelle se trouvent les Gouvernements du monde chrétien » (…) « Que faire ? » (…) « Le temps presse ».
« Outre les fléaux de l’humanité (guerres, famines, épidémies…), d’autres facteurs contribuèrent à créer une crise sans précédent » : l’émergence d’une économie-monde et d’une classe de riches marchands, la corruption et l’incompétence des princes qui ne savent qu’accroître les impôts pour financer leurs dettes, l’essor de la spéculation qui évince les humbles producteurs, les accule à vivre de travaux temporaires ou à se réfugier dans la mendicité quand ce n’est pas dans la rapine et la violence.
L’atmosphère est morose, les gens inquiets et crispés sur leurs droits acquis. Les universitaires bafouillent, chicanent sur les détails. Des bourgeois réclament que l’on pende les fainéants, d’autres prêchent le retour aux traditions, d’autres encore noient leur désespoir dans le cynisme.
Que faire ? Transiger avec le Prince et le courtiser suffisamment pour devenir son conseiller ? Ou refuser le compromis, se demander si finalement la cause du mal ne serait pas économique et l’homme suffisamment animé de rêve et de raison pour entreprendre de refaire le monde ? ».
Tel est le dilemme devant lequel se trouvent Erasme, Machiavel, Luther et surtout Thomas More lorsque, en 1516, il écrit son « Utopie ». Tel est le dilemme devant lequel nous nous trouvons aujourd’hui – la conjoncture, à de nombreux égards, est la même à la fin du XVème et du XXème siècle -. En revisitant L’Utopie de Thomas More, Nicole S. Morgan (auteur de Le sixième continent. L’Utopie de Thomas More. Paris : librairie philosophique J. Urin, décembre 1995, 172 p.) nous fait découvrir un scénario vieux de près de cinq siècles, mais éminemment actuel. Elle met l’accent sur l’absence de fatalisme et l’urgent besoin d’un nouvel humanisme.

#Rétroprospective #Utopie