Revue

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L’exploitation minière des fonds marins sur la sellette

L’exploration des grands fonds marins, d’une profondeur de 4 000 à 6 000 mètres (m), par des sous-marins océanographiques dans les années 1980-1990, a mis en évidence des gisements de métaux au fond des océans Pacifique et Indien. Leur exploitation, sur des zones qui peuvent atteindre des centaines de kilomètres carrés (km2) est difficile, mais revient périodiquement à l’ordre du jour car certains de ces métaux, tels que le cuivre, le manganèse, le cobalt et des terres rares, jouent un grand rôle dans la transition énergétique.

Un possible eldorado sous-marin

Il existe trois types de ressources : les nodules polymétalliques, les encroûtements et les sulfures hydrothermaux.

  • Les premiers ont la forme de petites boules grises d’un décimètre de diamètre composées de couches d’hydroxyde de fer et de manganèse, avec des insertions à faible concentration de cuivre, de zinc et parfois de terres rares. D’origine probablement bactérienne, on les trouve dans des plaines abyssales, entre 3 000 et 5 500 m de profondeur.
  • Les encroûtements sont des couches métalliques d’oxydes de fer et de manganèse, avec des insertions de cobalt, de platine, de titane, de vanadium et de zirconium. Ils sont situés entre 400 et 4 000 m de profondeur, notamment en Polynésie, parfois au voisinage de volcans sous-marins.
  • Enfin, les sulfures métalliques hydrothermaux, avec du cuivre, du zinc, du plomb et, parfois, des métaux précieux (argent et or), se trouvent au voisinage des sources hydrothermales — appelées aussi « fumeurs noirs », des sources d’eau chaude dans lesquelles ont été dissous les sulfures — sur les dorsales océaniques. Ce seraient les ressources les plus prometteuses.

Un rapport d’information du Sénat sur les fonds marins, publié en 2022, citant des données du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), estime (de façon optimiste ?) que dans la zone Clarion-Clipperton, dans le Pacifique, les ressources exploitables de nodules s’élèveraient à 34 milliards de tonnes de métaux différents ! Ces gisements seraient riches en fer (13 %) et surtout en manganèse (26 %), ainsi qu’en nickel (1,2 %), en cuivre (1,1 %) et en cobalt, et pour certains en terres rares à très faible concentration. Ils représenteraient 6 000 fois plus de thallium, trois fois plus de cobalt, et plus de manganèse et de nickel que toutes les ressources avérées des gisements terrestres.

Course à l’exploitation minière et encadrement juridique

Cet eldorado potentiel suscite des convoitises de la part de compagnies minières qui so...