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Les grandes manœuvres de l’informatique quantique

Plusieurs journaux, comme la MIT [Massachusetts Institute of Technology] Technology Review ou The Economist ont annoncé que 2017 serait une année pivot pour les technologies quantiques. Les recherches consacrées à la conception et la construction d’un ordinateur quantique universel deviennent en effet un véritable enjeu industriel, dans lequel s’engagent de nombreux acteurs de premier plan [1].

L’informatique quantique implique la manipulation de qubits, analogues quantiques du bit dont les propriétés spécifiques (superposition, intrication) permettent d’accroître considérablement la capacité des machines, en termes à la fois de puissance de calcul et de résolution de problèmes [2]. L’essor actuel de cette technologie est motivé par de nombreux facteurs, dont la rencontre de limites physiques de plus en plus prégnantes à la miniaturisation des puces et l’accroissement de la puissance de calcul [3].

Enjeu économique

Les investissements dans l’informatique quantique vont croissant depuis quelques années. The Economist répertorie ainsi plus de 1,5 milliard de dollars US de dépenses pour la recherche dans les technologies quantiques à travers le monde en 2015. Des groupes comme Google, IBM ou Microsoft se livrent désormais à une véritable compétition dans le domaine : leur objectif annoncé pour 2017 est à la fois l’accroissement de la puissance de calcul (atteindre les 50 qubits, seuil théorique à partir duquel l’informatique quantique dépasse le potentiel de l’informatique classique) et de passer de la recherche théorique à l’ingénierie [4].

Premier acteur majeur à s’être positionné sur ce secteur, Google a fortement médiatisé les « prouesses » de son prototype D-Wave. Longtemps critiqué, celui-ci a maintenant atteint un seuil d’efficience certain. Il a par exemple pu être mobilisé en collaboration avec la NASA (National Aeronautics and Space Administration) dans le cadre de missions robotisées dans l’espace [5]. IBM annonce des ambitions similaires et apparaît, au printemps 2017, comme l’un des acteurs les plus avancés [6] avec Big Blue, qui a par ailleurs rendu son prototype accessible via le cloud et proposé une interface de programmation : l’entreprise envisage même une offre commerciale d&rsquo...