« Est venu le temps où l’accumulation des déficits et des dépenses non maîtrisées depuis 1975, qui fut l’année du dernier budget de l’État voté en équilibre, obère nettement les capacités d’action du politique », écrivait Alexandre Siné en 2005, en ouverture d’un article sur l’insoutenable rigidité des dépenses publiques en France?(n° 313). Huit années et une douloureuse crise économique plus tard, où en sont les finances publiques françaises ? Karim Triki et Gilles Dufrénot, sans revenir en détail sur l’historique de la situation financière de l’État, rappellent ici les conditions actuelles : une crise économique violente qui a considérablement affecté l’évolution du produit intérieur brut, à laquelle le gouvernement s’efforce de répondre par des mesures de consolidation budgétaire qui, certes, visent à améliorer la situation des finances publiques (principalement par le biais des recettes), mais pourraient aussi avoir un impact négatif durable sur la croissance économique et contrarier ainsi l’entreprise d’assainissement en cours.
Dans ce contexte, quelles pourraient être les évolutions à long terme des finances publiques en France ? Compte tenu des perspectives démographiques (vieillissement) et de leurs conséquences sur les dépenses publiques, les auteurs envisagent ici deux scénarios d’avenir possible pour l’économie française aux horizons 2020 et 2050 : un scénario noir dans lequel la dégradation de la situation macroéconomique perdurerait, et un scénario rose dans lequel elle s’améliorerait grâce à une reprise internationale et aux effets bénéfiques de l’ajustement budgétaire. Dans ces deux scénarios, ils proposent deux variantes concernant l’évolution des finances publiques, l’une sans ajustement budgétaire, l’autre avec consolidation. Au total, ils soulignent qu’il y a peu de chances que se concrétisent les scénarios sans ajustement. Le scénario noir avec ajustement paraît, à ce jour, le plus probable, ne laissant guère de marges de manœuvre aux gouvernants, alors que le scénario le plus souhaitable (rose avec consolidation) offrirait de meilleures perspectives et la possibilité, sans doute, d’entreprendre les réformes structurelles devenues indispensables en France.
