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Les Comptes mondiaux du carbone, édition 2023

Analyse de rapport

L’Institute for Climate Economics (I4CE) est un institut de recherche à but non lucratif qui tire l’essentiel de ses revenus de collaborations avec des institutions publiques. Ses analyses alimentent le débat sur les politiques d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Il publie, depuis 2017, un rapport annuel sur les comptes mondiaux du carbone ; l’édition 2023 est parue en novembre dernier.

Fleurence Louis, Fetet Marion et Postic Sébastien, Les Comptes mondiaux du carbone, édition 2023, Paris : Institute for Climate Economics (I4CE), novembre 2023, 12 p.

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Le panorama recense l’évolution mondiale des tarification explicites du carbone : taxe ou Système d’échange de quotas d’émission (SEQE). L’innovation de la cartographie de cette année est que les pays sont différenciés (par un code couleur) selon le système d’échange de quotas utilisé, qui comporte trois modalités : soit des enchères de quotas émises par l’autorité publique (type SEQE-UE pour l’Union européenne), soit un échange de quotas entre acteurs sans intervention de l’État, soit des standards d’émissions (quotas) à respecter par acteur — avec possibilité d’acheter s’il dépasse, ou de recevoir des quotas gratuits s’il fait mieux.

Carte mondiale des prix explicites du carbone 2023

Source : I4CE, d’après ICAP (International Carbon Action Partnership), Banque mondiale, sources gouvernementales et informations publiques, septembre 2023. Voir page 2 de la publication.

La régulation par les prix du carbone progresse. Au 1er août 2022, 68 systèmes de tarification explicite (taxes ou quotas) étaient recensés, et au 1er août 2023, on en comptait 74 : 31 à l’échelle provinciale, 42 à l’échelle nationale et 1 à l’échelle interétatique, le SEQE-UE. Si l’ensemble des juridictions, États ou provinces qui ont un mécanisme de tarification du carbone représentent environ la moitié des émissions de carbone mondiales, la prise en compte plus précise des exonérations permet d’affirmer que seules 20 % des émissions mondiales étaient concernées en 2022. En 2023, ce sont 24 % des émissions qui sont concernées par une taxation ou quota, ceci essentiellement via les systèmes de quotas européens et chinois qui permettent à la moitié de l’industrie et de la production d’électricité dans le monde d’être soumise (respectivement 55 % et 50 %) à un prix du carbone.

Les trois quarts des revenus générés (93 milliards de dollars US) proviennent des SEQE de l’UE (44 %), britannique (8 %) et allemand (7 %), et des taxes carbones canadiennes et françaises (9 % et 7 % respectivement). Mais ces revenus pèsent sept fois moins que les subventions aux énergies fossiles recensées par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) en 2021 (700 milliards de dollars US), subventions qui avaient doublé cette année-là.