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Les civilisations sont-elles mortelles ?

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 359, janvier 2010

« Nous autres, civilisations, lançait Paul Valery au début du XXe siècle, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Le coup fut douloureux pour la pensée occidentale, déjà ébranlée, à la fin du XIXe siècle, par l’annonce nietzschéenne de la mort consommée de Dieu. Ainsi, ceux qui ne croyaient plus aux arrière-mondes religieux éternels devaient s’habituer à vivre sans l’espoir d’une raison transcendantale immortelle, énoncée par les Lumières. À cette angoisse de la finitude, s’ajoute aujourd’hui, souligne Nicole Morgan dans cet article, des prises de conscience éprouvantes : la perte de la suprématie de la civilisation occidentale, l’extinction de cultures locales et surtout « la mort, que l’on dit probable à moyen terme, de l’humanité, précipitée par son impossibilité de gérer raisonnablement ses ressources et de maîtriser ses techniques ». L’espoir, s’il y en a un, avance l’auteur, se trouve aujourd’hui dans une écologie des savoirs et une civilisation mondiale unique dont les valeurs commencent à se dessiner. Des valeurs toutefois si étrangères à l’humanité, précise-t-elle, qu’elles remettent en question la « stabilité de l’Homo sapiens ».

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