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Les chemins du bénévolat

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 226, décembre 1997

Il faut se méfier des slogans à la mode : par exemple : « Le plein emploi, c’est fini. Vive la pleine activité ! ». Ou encore de l’idée selon laquelle le bénévolat (voire, diront certains, le travail au noir) supplée les carences du marché et de l’État : 1) en assurant une activité à ceux qui sont privés d’emploi, 2) en assurant la satisfaction de besoins sociaux non couverts par les services marchands et non marchands. Et ainsi qu’il serait judicieux d’encourager ces activités par l’octroi de subventions, primes et autres avantages en argent.
Lionel Prouteau montre d’abord que les bénévoles ne sont pas prioritairement ceux qui disposent de temps libre, notamment les personnes du « troisième âge » et les chômeurs, mais plutôt des « cumulards », ne fut-ce que parce qu’ils jouissent déjà d’une insertion sociale, voire d’une plus grande compétence.
L’auteur montre ensuite quels sont les ressorts de cette action bénévole : d’abord le souci de répondre à des besoins (y compris ceux ressentis par les bénévoles eux-mêmes), ensuite le désir de tisser des liens, enfin celui de valoriser une compétence. D’où le fait que les bénévoles sont plutôt diplômés, socialement bien intégrés… Bref se recrutent davantage parmi les « inclus » qu’au sein de la catégorie des « exclus ».
Enfin, Lionel Prouteau – qui ne nie pas, bien au contraire, l’intérêt du bénévolat – s’interroge sur la manière de le promouvoir. Le don exige un contre-don, écrit-il, mais il ne faut pas se tromper sur sa nature : il s’agit plus de reconnaissance que de rémunération monétaire. Et si le management – a fortiori le développement – du bénévolat a un coût, il convient de l’assumer avec adresse et subtilité: « tout glissement vers une rémunération monétaire, directe ou indirecte, risquerait de miner les ressorts de l’engagement ».
En d’autres termes, vive le bénévolat. Mais les activités en cause ne sauraient suppléer la carence d’emplois ni être traitées comme des emplois de catégorie inférieure.

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