Revue

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L’Écologie et la narration du pire

Récits et avenirs en tensions

Analyse de livre

Avec cet ouvrage, Alice Canabate pose son regard sur l’écologisation actuelle de la société occidentale qui désigne, selon elle, « les processus par lesquels l’environnement est pris en compte dans les politiques publiques, dans les organisations [et dans] les dynamiques sociales et les actions collectives » (p. 9).

Canabate Alice, L’Écologie et la narration du pire. Récits et avenirs en tensions, Paris : Utopia, septembre 2021, 192 p.

Plus précisément, l’autrice s’intéresse à ce qu’elle a nommé les narrations du pire, c’est-à-dire les imaginaires sociaux qui dessinent un futur relativement sombre eu égard aux dégradations environnementales globales. De prime abord, on s’attend à ce que la question de l’effondrement soit débattue, mais ce n’est pas tant le cas. L’ouvrage ne porte pas exclusivement sur la « collapsologie », mais élargit le spectre à d’autres auteurs et d’autres perspectives. Au fil des chapitres, la lectrice ou le lecteur est amené(e) à découvrir la thèse de nombreux penseurs, ainsi que les diverses thématiques qui traversent les narrations du pire.

L’introduction sert à indiquer que l’objet du livre concerne les discours écologiques qui défendent l’idée de discontinuité, soit l’impossibilité de la perpétuation du système socio-économique capitaliste moderne considéré délétère et pernicieux. Pis encore, ce système, en altérant les conditions d’habitabilité de la Terre, a engagé l’humanité dans une trajectoire catastrophique.

Le chapitre premier, très percutant, porte sur « la bataille des imaginaires ». Alice Canabate explore comment le pire est formulé, comment le postulat de catastrophes en cours ou à venir est structuré en récit. Ce chapitre est certainement le plus intéressant du livre. Les fonctions d’un récit ainsi que...