Le problème de l’eau est devenu une préoccupation des hommes, du simple citoyen à l’homme d’État. Parce qu’il touche tous les contemporains, parce que quotidiennement toutes les activités humaines lui sont confrontées de façon concrète, il a une grande résonance sur l’opinion publique. L’eau va-t-elle manquer ? C’est une question que les hommes peuvent déjà se poser chaque jour, mais chaque jour en des termes différents tant les données sont en évolution continue.
Le problème est particulièrement complexe. Le cycle hydrologique naturel ne se déroule pas uniformément dans l’espace ni dans le temps. Les ressources fluctuent sans cesse, tandis que les besoins s’accroissent toujours et se déplacent avec les migrations humaines. Les divergences d’intérêts entre les différentes activités consommatrices compliquent encore les données du problème, l’eau prélevée par une activité pouvant manquer aux autres et la pollution de l’une nuisant toujours à son aval.
La complexité du problème se situe à tous les niveaux d’étude, planétaire, national, régional et même local, parce que la solution recherchée en n’importe quel point dépend toujours de ce qui se passe à l’amont et à l’aval du lieu considéré.
Pour éclairer l’opinion, il a paru nécessaire de publier un « Livre Blanc », document décrivant la situation et donnant également des orientations pour l’action à entreprendre en vue de résoudre moins des questions locales, ponctuelles, que des problèmes régionaux.
Une telle étude ne pouvait être faite sectoriellement,puisque toutes les actions humaines, du travail des champs aux loisirs des citadins, sont interdépendantes, ni par région de programme ou département puisque les divisions administratives ignorent les liens entre l’amont et l’aval d’un même bassin fluvial ; aussi est-ce dans le cadre des six grands bassins hydrographiques français qu’elle a été conduite.
Le Livre Blanc sur le problème de l’eau en ADOUR-GARONNE n’est pas une simple monographie du bassin ; plusieurs volumes n’y suffiraient pas. Ce n’est pas davantage un schéma d’aménagement ; trop d’éléments ne sont pas encore parvenus à maturité.
Sa simple ambition réside, d’une part dans la présentation en quelques pages d’une analyse concrète des données actuelles, toujours situées dans l’espace géographique et prises dans leurs mouvements, d’autre part dans la localisation des zones susceptibles de devenir critiques, compte tenu de l’incidence des grands aménagements en cours ou en préparation ; enfin, les propositions avancées pour une politique de l’eau en ADOUR-GARONNE n’ont pour but que d’aider le lecteur à prendre conscience de l’ampleur des problèmes soulevés.