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Le transhumanisme comme idéologie technoprophétique

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 370, janvier 2011

La revue Futuribles s’est toujours intéressée de près aux relations parfois étonnantes entre la science et la société, voire entre les scientifiques et la société, qu’il s’agisse d’alerter sur le regain créationniste (n° 364), d’anticiper d’éventuelles futures ruptures scientifiques (n° 366), de dénoncer des entreprises de déni scientifique au profit d’intérêts industriels (n° 369), et plus généralement au travers des nombreuses réflexions dont elle s’est fait l’écho via les articles de Jean-Jacques Salomon, ardent défenseur d’une science au service de la société et mâtinée d’éthique. Ce mois-ci, c’est Michèle Robitaille – spécialiste des représentations du corps humain et de l’impact de la technique sur ces représentations – qui nous alerte sur le transhumanisme et, plus précisément, sur la façon dont ses partisans présentent les perspectives scientifiques afin d’accréditer leur projet.

Elle montre ainsi comment, par leur discours « prophétique » à vocation autoréalisatrice, et sous couvert de neutralité voire de rationalité scientifique, les transhumanistes tentent d’imposer à la société l’idée selon laquelle la convergence des technologies NBIC (nano, bio, de l’information et cognitives) est inéluctable, de même que sa conséquence ultime : le posthumanisme. Or, l’acceptabilité sociale de telles évolutions ne va pas de soi et il est encore temps, comme elle le souligne ici, de contourner les biais discursifs des transhumanistes, en réintroduisant une dimension politique (au sens propre) dans le débat sur les progrès à venir des sciences et des techniques.

#Science #Société