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Le Développement de l’aquaculture : un enjeu de souveraineté alimentaire

Analyse de rapport

Cette note, publiée fin novembre 2023 par le Haut-Commissariat au Plan, effectue un diagnostic de la filière aquacole, sur le plan national comme international, et identifie les obstacles qui devront être levés afin de développer l’aquaculture française. Est ainsi proposée une feuille de route pour redresser la production nationale, qui s’inscrit dans les objectifs de développement durable du pays.

Le Développement de l’aquaculture : un enjeu de souveraineté alimentaire, Haut-Commissariat au Plan, Note Stratégie n° 16, 30 novembre 2023, 100 p.

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En moins de 60 ans, la consommation mondiale de produits issus de la mer a plus que quintuplé. Les Français n’échappent pas à cette tendance : ils figurent parmi les plus gros consommateurs de produits d’origine aquatique européens, avec une consommation de 31,8 kg par habitant en 2020. Moins d’un tiers de cette demande est couvert par la production nationale. La France a massivement recours aux importations pour assurer sa consommation intérieure (environ quatre poissons d’élevage consommés en France sur cinq sont importés). Les produits plébiscités par les Français, comme le saumon, le thon, les crevettes et la dorade, proviennent pour une très grande partie, de l’étranger. De manière générale, la catégorie des produits d’origine aquatique (pêche et aquaculture) affiche un déficit abyssal de 5,7 milliards d’euros en 2022 et représente uniquement 0,16 % de la production mondiale.

Cependant, la France bénéficie d’avantages non négligeables, qui pourraient faire d’elle une grande nation de production de ressources d’origine aquatique. Sa géographie et ses territoires d’outre-mer lui confèrent la deuxième zone économique exclusive au monde, avec une diversité de climats propices à l’élevage de nombreuses variétés de produits. Elle peut compter en outre sur le plus grand nombre d’étangs d’Europe et sur ses nombreux cours d’eau pour développer une filière aquacole diversifiée. Compte tenu des contraintes liées à la pêche (impacts du changement climatique et surpêche), l’aquaculture sera la seule à pouvoir répondre, en matière de protéines animales d’origine aquatique, au double enjeu de la souveraineté alimentaire, associant compétitivité économique et performance environnementale.

Alors comment expliquer le sous-développement de cette filière aquacole ? La note du Haut-Commissariat au Plan dégage trois raisons principales : la présence d’externalités négatives qui peuvent être maîtrisées mais qui ont des conséquences en termes d’acceptabilité sociale, la dévalorisation des métiers de l’aquaculture, et un cadre administratif et réglementaire éclaté et inadapté.

Comme toute activité humaine, l’aquaculture a une incidence sur son écosystème. La dépendance des fermes en intrants alimentaires issus du milieu naturel participe au premier chef à l’impact négatif de l’aquaculture sur les milieux. On estime qu’un kilogramme de poissons d’aquaculture nécessite environ deux kilogrammes de poissons sauvages, souvent trop petits pour une consommation humaine. Pourtant, la part de la farine et de l’huile de poissons dans l’alimentation des poissons d’élevage a considérablement diminué, passant de 80 % en 1990 à environ 25 % actuellement. L’aquaculture apparaît donc comme une filière de production en mesure de surmonter les difficultés liées à la surpêche. Tout de même, le cadre réglementaire français, au niveau tant sanitaire, environnemental que social, assure ...