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Le cycle Kondratieff : mythe et réalité

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 267, septembre 2001

Le regain de croissance économique enregistré depuis 1997 en Europe, avec quelques années de retard sur les États-Unis, a donné lieu à des interprétations diverses. Mais, pour beaucoup d’analystes, il préfigure l’entrée dans une nouvelle phase d’expansion, marque le début d’une nouvelle phase ascendante succédant (cycles Kondratiev obligent !) logiquement aux  » Trente Piteuses  » qui ont suivi la période d’expansion d’après-guerre.
Ainsi, à en croire bon nombre d’adeptes zélés des cycles Kondratiev, nos économies seraient vouées à connaître, quoi que nous fassions, des phases d’expansion et de moindre croissance se succédant inéluctablement tous les 50 ans, la phase ascendante actuelle se trouvant stimulée par un environnement international favorable et l’arrivée à maturité des technologies de l’information et de la communication.
Mais il s’agit là d’une interprétation vulgaire et abusive, montre en substance Éric Bosserelle, des théories de Nicolaï Kondratiev, qui ne s’est intéressé qu’aux fluctuations longues des prix et n’a jamais prétendu édifier une théorie qui, en toute circonstance, expliquerait le passé, a fortiori permettrait de pré-dire quelle sera l’évolution économique.
L’auteur s’attache ici à rappeler quelques vérités élémentaires sur les travaux réalisés par Kondratiev, les bases empiriques, du reste fragiles, sur lesquelles il s’est appuyé et les phénomènes de fluctuation de longue période qu’il avait ainsi mis en évidence. Il en montre les vertus mais aussi les limites, y compris celles tenant aux circonstances particulières de la période qu’il a analysée.
Il souligne ainsi que les cycles Kondratiev posent la question de la dynamique des prix des produits de base en longue durée, question qui, à tort, est totalement ou en partie occultée par les théories modernes, aucune d’entre elles n’étant parvenue à rendre compte de manière convaincante d’un point capital,  » celui de la récurrence d’une périodicité de l’ordre d’un demi-siècle « . Par conséquent, conclut Éric Bosserelle, il convient de demeurer extrêmement circonspect face à certains discours en vogue laissant entendre que nos économies évolueraient suivant des lois immuables.

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