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L'anticipation des ruptures. La prospective des sciences et techniques, et l’identification précoce des zones de rupture

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 366, septembre 2010

Le progrès des sciences et des techniques est tel, depuis quelques décennies, qu’il fait l’objet d’une attention toute particulière dans les exercices de prévision et de prospective. Mais les experts qui traitent de ces questions, restant trop captifs des paradigmes dominants et privilégiant donc une approche linéaire, s’attachent davantage à l’avenir des technologies plutôt qu’aux avancées et aux ruptures scientifiques. Ainsi, l’essentiel de leur travail consiste-t-il, par différentes méthodes (enquête Delphi, roadmaps…), à anticiper à quelle date telle ou telle technique pourrait être disponible (sans toujours du reste estimer correctement les conditions de son appropriation sociale ou les applications qui pourraient en être faites).

Pierre Papon expose ici une approche beaucoup plus originale et prometteuse pour essayer, cette fois, d’anticiper les découvertes susceptibles de bouleverser radicalement le champ des connaissances scientifiques, en s’interrogeant sur les faits potentiellement porteurs de ruptures fondamentales.

Après un rappel des réflexions prémonitoires de quelques auteurs, par exemple dans les domaines de la génétique et de l’informatique, il s’attache à décrire quelques-uns des paradigmes dominants, notamment dans le champ de la physique quantique et de la biologie moléculaire. Il montre ainsi les avancées qu’ils ont permis de réaliser, mais aussi leurs limites, puis explore quels nouveaux sauts scientifiques pourraient intervenir et entraîner des percées technologiques radicalement nouvelles à l’horizon 2050.

L’auteur rappelle en même temps que « la science n’étant pas un isolat dans la société », elle se doit de contribuer à la résolution des grands défis auxquels nous sommes confrontés, ceux du travail, de la santé, de l’alimentation et du développement durable, en particulier de l’énergie et du climat. Il examine donc en quoi les avancées scientifiques et technologiques à venir pourraient être porteuses de solutions, et combien il serait important de « traduire les questions que pose la société en questions de science ». Ainsi, milite-t-il implicitement pour un pilotage stratégique de la recherche, prenant en compte les défis de l’avenir à moyen et long terme, et donc pour un dialogue beaucoup plus étroit entre science et société.

#Changement technologique #Progrès scientifique