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L'Amérique et le monde. À propos du livre d'Henry Kissinger, Does America Need a Foreign Policy ?

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 278, septembre 2002

Ancien secrétaire d’État sous l’administration Nixon, éminent professeur de l’université de Harvard, prix Nobel de la paix, Henry Alfred Kissinger est un des meilleurs spécialistes de la politique étrangère américaine. Dans son dernier livre, Does America Need a Foreign Policy? (New York : Simon & Schuster, 2001), H. Kissinger insiste sur l’urgence, pour les États-Unis, de mettre en place une politique étrangère adaptée à la nouvelle donne mondiale.
Pierre Béhar, dont l’attention vis-à-vis de ces questions est sans relâche, a souhaité rendre compte de cet ouvrage. En effet, depuis le  » choc psychologique du 11 septembre 2001 « , l’Amérique désorientée a besoin, plus que jamais, d’une politique étrangère subtile et nuancée.
Quelques recommandations de H. Kissinger sont mises en avant par P. Béhar, à savoir : a) la politique étrangère américaine doit être mondiale et les attitudes globalisantes et simplificatrices que sont l’idéalisme  » de gauche  » (une inéluctable marche du monde vers la démocratie) et le réalisme  » de droite  » (la victoire du monde libre et l’extension de l’hégémonie américaine) nient toute politique étrangère ; b) la nécessaire politique étrangère américaine doit être  » raisonnée  » et doit définir, pour chaque partie du monde, les actions à entreprendre par les États-Unis pour conduire à un état de droit et un état de paix ; à un système impérial mondial, il faut préférer un système international qui serait un subtil équilibre entre les forces du monde, tout en garantissant la prééminence américaine ; c) face aux rapprochements et aux regroupements régionaux qui s’opèrent à travers le monde, il faut créer des systèmes de relations internationales politiques et économiques qui soient subordonnés à l’assentiment des Américains ; d) la mondialisation, sous ses aspects économique et juridique, ne peut prétendre supplanter la politique étrangère ; e) enfin, les États-Unis doivent être le moteur et le soutien de l’action éthique dans le monde, et de tout progrès vers un ordre moral mondial plus humain.
Tout cela renforce l’idée que la politique étrangère américaine sera déterminante pour l’évolution prochaine, voire immédiate, du monde, notamment si l’on considère que la Russie et la Chine n’ont plus qu’une politique réactive et que l’Europe n’en a, à l’évidence, plus du tout.

#États-Unis #Géopolitique