La problématique de la guerre revisitée. Science, technologie et theatrum belli

Le 5 décembre 2008 s’est tenue à Futuribles la première journée Jean-Jacques Salomon  » Science et politique  » visant, au-delà de l’hommage, à prolonger les travaux de Jean-Jacques Salomon sur la relation complexe entre science et société. À cette occasion, Geneviève Schméder, intervenant dans la session  » Guerre et paix « , a traité des aspects techniques des évolutions de la guerre dans la période récente, montrant combien le théâtre de guerre s’est considérablement élargi ces dernières décennies.
Cet article reprend l’essentiel de cette présentation, rappelant dans un premier temps les circonstances de l’émergence de la  » guerre électronique  » et ce sur quoi elle repose. Mais si l’on est effectivement entré dans un  » nouvel âge du combat « , une victoire militaire ne suffit plus aujourd’hui à mettre un terme à un conflit : Geneviève Schméder expose ainsi les différents obstacles limitant l’efficacité des moyens militaires ultramodernes, en particulier dans les conflits asymétriques – puissance de destruction trop importante (et éthiquement délicate à employer), multiplication des combattants irréguliers dotés d’armes légères difficiles à détecter, détournement de technologies civiles et utilisation des moyens d’information et de communication modernes, etc. Ces  » armes des faibles  » rendent, selon elle, inopérant le concept de victoire sur le terrain et les missions de pacification presque impossibles, en particulier dans un monde où la circulation des informations et la médiatisation sont très rapides. Les multiples évolutions observées, qui tendent à modifier considérablement le paradigme de la guerre  » classique « , obligent ainsi, selon l’auteur, à développer une culture entièrement nouvelle de la sécurité,  » substituant au concept de sécurité d’État [celui] de sécurité humaine, ou sécurité des individus « , dont elle esquisse les grandes caractéristiques.