Revue

Revue

La Méditerranée, les BRICS et les nouvelles routes de la mondialisation

En Méditerranée, la pénétration commerciale des grandes puissances émergentes se confirme. C’est le résultat de stratégies globales où l’approche géopolitique se conjugue sans cesse avec une série de déterminants commerciaux. Cette dynamique est particulièrement éclairante dans la sphère agro-alimentaire.

Bien que le concept soit régulièrement critiqué pour son manque de pertinence géopolitique, force est de constater que l’acronyme BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), créé en 2003 par Jeffrey Sachs pour caractériser les économies dynamiques du début de XXIe siècle, a plutôt eu tendance à gagner en légitimité ces derniers temps. Si ces pays ne forment en aucun cas un bloc homogène et cohérent sur le plan de leurs modèles politiques et économiques, ils ont toutefois su jouer avec les opportunités offertes par la mondialisation et la recomposition des équilibres géoéconomiques à travers le monde. Le 29 mars 2012, à l’issue de leur quatrième sommet officiel tenu à New Dehli, les BRICS (avec un « S » car rejoints par l’Afrique du Sud depuis 2011) ont décidé d’engager un processus visant à créer une banque commune de développement Sud-Sud, dont l’objectif serait de financer les besoins en infrastructures et les projets innovants dans les pays en développement. Les BRICS ne veulent pas simplement être écoutés par les puissances occidentales, ils désirent être de véritables acteurs mondiaux, capables d’impulser des dynamiques inédites ou d’afficher des positions contradictoires avec celles défendues par les Américains ou les Européens.

En Méditerranée, cette influence croissante des BRICS est observée depuis quelques temps. La première raison réside dans le fait, simple en apparence, mais plus complexe sur le plan géohistorique, que cet espace méditerranéen n’est pas la chasse gardée des Européens ou des Am...