Revue

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La grande stagnation des revenus des plus pauvres

En dépit du ralentissement de la croissance économique et de la montée du chômage, le niveau de vie des plus pauvres a continué à progresser dans les années 1990 et jusqu’au début des années 2000. Cette période est marquée par un tournant majeur et une entrée dans une longue phase de stagnation. Entre 2002 et 2019 (dernière année connue), le niveau de vie moyen des 10 % les plus pauvres a stagné à 730 euros par mois, inflation déduite. Le seuil des 5 % les plus pauvres, c’est-à-dire le montant maximum que touche cette tranche de revenu, est de 785 euros, au même niveau qu’en 2002.

La part de l’ensemble des revenus que reçoivent les plus pauvres en France s’amenuise. En 2019, les 10 % du bas de l’échelle ne percevaient que 3,5 % des revenus nationaux selon l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), contre 3,8 % en 2002. Cette baisse de 0,3 point paraît faible d’un point de vue statistique, mais elle est énorme si on la mesure en euros. Entre 2002 et 2019, le niveau de la masse globale de tous les revenus distribués dans l’année a augmenté de 187 milliards d’euros. Sur ce montant, la part qui a été versée aux 10 % des ménages les plus pauvres n’a augmenté que de quatre milliards d’euros (2 %) alors que celle qui a été versée aux 10 % les plus aisés a crû de 48 milliards d’euros (25 %), plus de 10 fois plus…

Évolution des niveaux de vie mensuels des plus pauvres

Source : INSEE.
© Centre d’observation de la société.

Derrière cette stagnation se cache un phénomène sans doute encore plus grave. Ces données comprennent en effet les prestations sociales : chômage, famille, allocations logement, etc. Si on n’en tient pas compte, c’est une baisse des revenus des plus pauvres que l’on observe. Entre 2008 et 2017, le niveau de vie mensuel déclaré maximum des 10...

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