Revue

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La Gestion quantitative de l’eau en période de changement climatique

Exercices 2016-2022

Analyse de rapport

Le volume de précipitations (pluie et neige) que reçoit le territoire français est à peu près constant, autour de 510 milliards de mètres cubes (m3), mais sous l’effet du changement climatique, ces précipitations sont plus concentrées en automne et en hiver, et l’eau se fait plus rare au printemps quand les plantes en ont besoin pour leur croissance, et en été lorsque la consommation humaine augmente aussi. De fait, en raison principalement de l’évapotranspiration qui augmente avec le réchauffement climatique, la quantité d’eau renouvelable disponible — c’est-à-dire celle qui peut être utilisée pour satisfaire les besoins humains sans compromettre la situation future, qui provient donc essentiellement des précipitations qui alimente les eaux de surface et souterraines — a déjà baissé de 14 % entre la période 1990-2001 et 2002-2018, passant de 229 à 197 milliards de m3.

Cour des comptes, La Gestion quantitative de l’eau en période de changement climatique. Exercices 2016-2022, Paris : Cour des comptes, rapport public thématique, juillet 2023, 156 p.

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Sur ces près de 200 milliards de m3 d’eau renouvelable, 15 % (soit 32 milliards de m3) sont prélevés pour les divers usages. En France, 82 % des prélèvements en eau douce sont réalisés dans les eaux de surface (plus de 26 milliards de m3) ; or, les cours d’eau, sous l’effet du changement climatique ont des étiages plus longs et plus sévères, qui contraignent les préfets à prendre plus souvent des mesures de restriction des usages de l’eau (78 départements étaient dans ce cas en août 2022). Les eaux souterraines sont aussi affectées car la recharge des nappes en automne et en hiver se fait moins bien, en raison de sols plus secs et imperméables. On estime que 11 % des masses d’eau souterraine sont l’objet de prélèvements excessifs.

Ces tendances font qu’il est plus difficile d’atteindre le « bon état » des masses d’eau, notamment de surface ; moins de la moitié d’entre elles présentaient un bon état écologique ou chimique [1] en 2019. Le gouvernement français a fixé comme objectif une amélioration de 20 % de la part des masses d’eau en « bon état », pour chaque bassin hydrographique, entre 2022 et 2027. Mais compte tenu de la vitesse des progrès déjà accomplis, cet objectif est jugé inatteignable par la Cour des comptes. Les objectifs fixés par les Nations unies pour le monde, à l’horizon 2030, en matière d’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement [2] ne sont pas atteints en France : selon la dernière étude de 2019, sur une population métropolitaine de 64,8 millions d’habitants, 1,4 million de personnes n’avaient pas accès à une eau potable gérée en toute sécurité et 7,5 millions n’avaient pas accès à un assainissement correctement géré.

La dernière étude sur l’impact du changement climatique sur la ressource en eau date de 2010-2012 : Explore 2070 [3] analyse l’impact du scénario médian du GIEC (Groupe d’experts interg...