Revue

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La Chine, relève des États-Unis dans le système économique mondial ?

Malgré ses effets dévastateurs sur l’économie mondiale la crise de 2008-2009 n’a pas provoqué de retour au protectionnisme. Dix ans plus tard, l’élection de Donald Trump, élu sur un slogan explicite (Make America great again / America first), semble ouvrir une nouvelle page dans la mondialisation. Après avoir dénoncé ou renégocié des accords passés avec ses alliés, Donald Trump engage un conflit commercial avec la Chine qui se présente comme un défenseur de la mondialisation. Le repli américain offre-t-il à la Chine l’opportunité de redessiner la mondialisation ? Pékin peut-il évincer Washington du système économique mondial ? Pour y voir un peu plus clair dans les évolutions en cours, nous avons interrogé l’économiste Jean-Raphaël Chaponnière.

Les mesures protectionnistes prises par Washington semblent confirmer un certain retrait des États-Unis du système économique mondial qu’ils ont contribué à édifier. Ce retrait annonce-t-il selon vous une nouvelle phase de la mondialisation ?

Jean-Raphaël Chaponnière : « La première mondialisation a pris fin en 1914 et trois décennies plus tard, les Américains ont élaboré l’architecture institutionnelle de la deuxième mondialisation (Bretton Woods), dont la gouvernance a peu évolué alors que la montée en puissance des émergents bouleverse la hiérarchie économique mondiale.

« Le revirement des États-Unis vis-à-vis du multilatéralisme dont ils sont les architectes commence avec l’enlisement du Doha Round à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et le ralliement (en 2008) des États-Unis à une proposition de la Nouvelle-Zélande et de Singapour qui a débouché sur le Partenariat transpacifique (TPP). Le TPP et son cousin germain, le TAFTA (Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement), contiennent des mesures « au-delà des fronti...