L’histoire de l’environnement est, comme dans le mythe de Sisyphe, un éternel recommencement… La Brigade des empoisonnés volontaires, documentaire diffusé sur Arte cet été, revient ainsi sur l’un de ses épisodes les plus sombres, qui se passe au moment de l’« âge d’or » du capitalisme américain (1880-1910) et en illustre toutes les dérives scandaleuses et les turpitudes, en particulier dans le domaine de l’alimentation, avec la mise systématique sur le marché de produits complètement frelatés, bourrés d’additifs chimiques ou autres, et de substituts invraisemblablement toxiques et frauduleux…
Il raconte aussi l’histoire d’un homme extraordinaire, Harvey Wiley [1844-1930], qui essaya pendant 25 ans de défendre l’idée d’un minimum de contrôle dans le domaine agroalimentaire, en créant, malgré les menaces et la corruption, son propre laboratoire et en réussissant à trouver des alliés, en particulier dans les mouvements féministes.
C’est enfin le récit du procès intenté par ce lanceur d’alerte, sans succès, contre Coca-Cola (en 1911) qui, 113 ans plus tard, est parvenu à garder son secret de fabrication — et qui était encore récemment l’un des principaux sponsors des jeux Olympiques de Paris !
Les dimensions sociale et animale ne sont pas oubliées dans ce documentaire, avec l’exemple terrible des abattoirs de Chicago, magnifiquement décrit à cette époque par Upton Sinclair [1]…
C’est effrayant, mais très intéressant à regarder pour analyser et comparer avec ce qui se passe dans les conflits écologiques actuels…
Référence : La Brigade des empoisonnés volontaires, documentaire réalisé par John Maggio, sorti aux États-Unis en 2019 (sous le titre The Poison Squad), diffusé sur Arte en 2021, et rediffusé jusqu’au 18 septembre 2024, 87 minutes.
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Voir son roman The Jungle, New York : Doubleday / Jabber & Company, 1906 (NDLR). ↑
