Fin décembre 2023, l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) a publié l’édition 2023 de son Panorama des financements climat, qui propose un état des lieux des investissements réalisés en France par les ménages, les entreprises et les pouvoirs publics, dans la rénovation des logements, les achats de véhicules électriques, les énergies renouvelables, les infrastructures ferroviaires, cyclables ou de transports en commun… Cécile Désaunay a interviewé, pour Futuribles, Solène Metayer, qui a participé à la rédaction de ce rapport et en livre ici les principaux enseignements. Elle souligne l’importance de ces investissements climat pour tenir le cap et les objectifs de la stratégie nationale en matière de transition écologique.
Que constituent les investissements climat et comment évoluent-ils depuis 10 ans ?
S.M. : Les investissements climat correspondent aux investissements dans la formation de capital matériel et aux dépenses de consommation de biens durables, par exemple la rénovation de bâtiments ou l’achat de véhicules électriques, qui contribuent à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ces investissements sont réalisés par les ménages, les entreprises et les administrations publiques.
À l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), nous réalisons depuis 10 ans le suivi des investissements climat en France. Nous couvrons trois secteurs de l’économie : le bâtiment, c’est-à-dire les investissements dans la performance énergétique des bâtiments neufs et la rénovation énergétique ; le transport, qui regroupe les investissements dans les infrastructures de report modal et les véhicules bas-carbone ; et la production d’énergie, qui comprend les investissements dans la production d’énergies renouvelables électriques et thermiques, la production d’électricité nucléaire et le renforcement des réseaux électriques.
Pour la première fois en 2022, les investissements climat en France ont franchi la barre symbolique de 100 milliards d’euros. Cela correspond à une hausse de 9 % par rapport à 2021, et une hausse de plus de 70 % depuis 2011. Les investissements climat ont augmenté modérément jusque 2016, puis plus rapidement jusque 2019, et conservent un rythme d’augmentation soutenu depuis 2021. Environ les trois quarts de ces investissements sont entrepris par les ménages et les entreprises, et les pouvoirs publics contribuent à hauteur de 34 % aux financements.
L’impulsion récente s’explique notamment par le plan de relance post-Covid et l’entrée en vigueur de réglementations, telles que la fin des ventes de voitures thermiques neuves en 2035 au niveau européen. En 2022, l’augmentation des investissements climat est due également à deux facteurs supplémentaires. D’une part, de grands projets, tels que les parcs éoliens en mer et le projet ferroviaire du Grand Paris express, sont en plein déploiement. D’autre part, de nombreux ménages et entreprises ont réagi à la hausse des prix des énergies en investissant dans des véhicules électriques, des pompes à chaleur, ou encore des panneaux solaires photovoltaïques.
La progression des investissements climat devrait se poursuivre en 2023, à hauteur d’environ 8 %, concentrée dans les véhicules bas-carbone et les énergies renouvelables.
Toutefois, les investissements climat progressent moins vite qu’en 2021. Les soutiens publics ont moins augmenté en 2022 qu’en 2021, et les investissements dans les secteurs qui en dépendent tels que la rénovation énergétique des logements et les infrastructures de transport sont restés stables. De plus, si le montant des investissements augmente, le volume d’équipements et de travaux réalisés progresse peu en 2022. La hausse des investissements est surtout tirée par le prix des équipements, renchéris par la crise énergétique et des difficultés d’approvisionnement.
Investissements climat en France par secteur entre 2011 et 2023 (en milliards d’euros 2022)
Source : I4CE, Panorama des financements climat. Édition 2023, p. 17.
Ces investissements sont-ils à la hauteur des objectifs de transition écologique de la France ?
S.M. : Les objectifs de...
