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Invention and Innovation: A Brief History of Hype and Failure

Analyse de livre

Nos modes de vie ont été souvent transformés, au cours de l’Histoire, par des inventions de plus en plus complexes qui furent de véritables ruptures mais qui, souvent, n’ont pas tenu leurs promesses. Vaclav Smil, professeur émérite à l’université du Manitoba au Canada et historien réputé de l’énergie, consacre ce nouveau livre à la longue émergence des inventions et des innovations, avec leurs succès et leurs échecs.

Smil Vaclav, Invention and Innovation: A Brief History of Hype and Failure, Cambridge, Mass. : MIT (Massachusetts Institute of Technology) Press, février 2023, 232 p.

Dans son premier chapitre, l’auteur rappelle que si les concepts d’invention et d’innovation se recoupent, une innovation est un processus complexe d’acceptation d’une invention par la société. Il consacre son deuxième chapitre à des innovations qui « initialement bien accueillies ont été finalement rejetées ». La première est un additif pour l’essence, le plomb tétraéthyle, mis au point pour les automobiles au début du XXe siècle ; les moteurs qui l’utilisaient émettaient un bruit de cliquetis car l’allumage trop rapide de l’essence produisait des ondes de choc dans le cylindre qui endommageaient le piston. Après des essais de carburants riches en octane ou mélangés avec l’éthanol, General Motors découvrit, en 1921, qu’en ajoutant 1 % de plomb tétraéthyle à l’essence, le bruit disparaissait et la puissance des moteurs augmentait. Ce carburant fut adopté mais les toxicologues constatèrent, en 1970, aux États-Unis, que la forte élévation de la concentration de plomb dans l’atmosphère affectait la santé, il fut alors progressivement interdit dans tous les pays.

La découverte de la fission de l’uranium en 1938, la deuxième invention, a ouvert la voie à l’énergie nucléaire, d’abord pour construire l’arme atomique, puis pour la production d’électricité, dans les années 1950, en Europe et aux États-Unis (Westinghouse avait construit des petits réacteurs à eau pressurisée pour les sous-marins américains). Après le choc pétrolier de 1973, le nucléaire fut considéré comme la voie d’avenir : les États-Unis envisageaient un parc de 1 000 réacteurs en l’an 2000 avec des surgénérateurs. Après l’accident de Three Mile Island en 1979 aux États-Unis (il ne fit aucune victime), la demande d’électricité s’essoufflant, ceux-ci arrêtèrent la construction de réacteurs. Après les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima, la plupart des pays, à l’exception de la Chine et de la Russie, firent de même, le nucléaire ne produisait que 10 % de l’électricité mondiale en 2020, mais la France 75 % de la sienne.

Le DDT (dichloro-diphényle-trichloroéthane), deuxième innovation, est une molécule organochlorée dont les propriétés insecticides furent découvertes en 1939 chez Geigy, à Bâle, et son usage se répandit, sauvant de la malaria des centaines de milliers de personnes. La biologiste Rachel Carson sonna une alarme, en 1962, dans son livre, Printemps silencieux [1] : le DDT utilisé dans l’agricul...