L’hydrogène est utilisé depuis plusieurs décennies comme composé dans l’industrie chimique. Sa production a lieu, en grande majorité, au sein des sites industriels où se situe la demande, en utilisant quasi exclusivement des procédés à base d’énergies fossiles, maîtrisés depuis longtemps. Pour atteindre la neutralité carbone, il sera nécessaire de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à cette production. Par ailleurs, le développement des usages énergétiques de l’hydrogène (non chimiques), notamment dans le secteur des transports, est au centre d’imaginaires et de visions d’acteurs depuis de nombreuses décennies. À l’heure où la production électrique devient de plus en plus décentralisée et variable, l’hydrogène produit à partir des énergies renouvelables intermittentes est envisagé comme un moyen potentiel de stockage.
Depuis la fin de la dernière décennie, les stratégies et plans nationaux relatifs à la production et à la consommation d’hydrogène bas-carbone se multiplient. En réaction à la crise énergétique, l’Union européenne a rehaussé son objectif de production domestique à l’horizon 2030 (10 millions de tonnes). Son atteinte est jugée irréaliste par de nombreux observateurs. Pour cause, parmi l’ensemble des projets dans le monde ayant fait l’objet d’une annonce de production d’hydrogène bas-carbone d’ici 2030, seulement 4 % ont débouché sur une décision finale d’investissement. La décarbonation de l’hydrogène demeure aujourd’hui très coûteuse, quelles que soient les filières de production.
Dans cette analyse prospective, Antoine Le Bec propose de dépasser les horizons de court terme et de se projeter à 2050 pour faire le point sur les perspectives de déploiement de l’hydrogène bas-carbone dans le monde. À quels usages chimiques et énergétiques l’hydrogène pourrait-il répondre ? Quelles sont les filières de production envisageables ? Est-il possible de voir émerger un commerce international d’hydrogène ? En synthèse de ces réflexions, l’auteur propose quatre scénarios d’évolution future.
