La revue Science a publié en avril 2024 un article sur l’évolution mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques. À l’aide de modèles et d’indicateurs, les auteurs reconstituent l’utilisation des terres et le changement climatique entre 1900 et 2015, et projettent trois scénarios contrastés à l’horizon 2050, variant notamment en matière d’émissions de gaz à effet de serre.
Pereira Henrique M. et alii, « Global Trends and Scenarios for Terrestrial Biodiversity and Ecosystem Services from 1900 to 2050 », Science, vol. 384, n° 6694, 26 avril 2024, p. 458-465.
Au cours du XXe siècle, environ 200 000 espèces auraient disparu, soit une perte de biodiversité de 0,22 % à 1,1 % par décennie. À l’horizon 2050, cette diminution devrait se poursuivre au même rythme, si l’on considère l’impact des changements d’utilisation des terres associés au changement climatique : la perte de biodiversité en résultant augmenterait entre 0,92 % et 5,1 % par décennie. Limiter le réchauffement à + 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle permettrait de réduire ce déclin de 40 % à 74 % d’ici 2050, comparativement à un scénario sans politique d’atténuation.
Une diminution locale de la richesse spécifique est observée au cours du XXe siècle, dans la plupart des régions du monde, et elle devrait se poursuivre quel que soit le scénario (carte ci-dessous). D’ici 2050, certaines zones connaîtront des pertes de biodiversité pour la première fois, en Amazonie et en Afrique centrale, en raison de la conversion de forêts en pâturages. En revanche, l’Europe de l’Ouest pourrait voir une légère augmentation de la richesse spécifique, due à la déprise agricole. Cet effet ne s’observe qu’en l’absence de prise en compte du changement climatique. Selon les auteurs, celui-ci deviendrait un moteur plus important de la perte de biodiversité, à l’horizon 2050, que le changement d’utilisation des terres, ce dernier ne progressant pas par rapport au XXe siècle, contrairement au changement climatique.
Une augmentation générale des services écosystémiques d’approvisionnement (alimentation, bois…) et une diminution des services de régulation (pollinisation, qualité de l’eau…) sont projetées d’ici 2050. Les auteurs concluent que de nouvelles politiques régulant la déforestation, les modes de consommation et les aires protégées pourraient limiter les pertes de biodiversité et de services écosystémiques.
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