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Géopolitique et climat

Analyse de livre

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Le changement climatique ne fait plus de doute, qu’il soit réaffirmé par les rapports successifs du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ou déjà éprouvé tragiquement par certaines populations. Longtemps minimisé par des gouvernements soucieux de maintenir croissance et puissance, il occupe aujourd’hui une place centrale dans les analyses et les débats, au point de surestimer, parfois, la cause anthropique des événements climatiques ou d’exagérer leur part dans les conflits ou les phénomènes sociaux et économiques.

Blanc Pierre, Géopolitique et climat, Paris : Presses de Sciences Po, mai 2023, 234 p.

Comment le changement climatique influe-t-il réellement sur la géopolitique ? Qui seront les gagnants de la décarbonation ? Pierre Blanc, docteur en géopolitique et rédacteur en chef de la revue Confluences Méditerranée, s’intéresse ici aux interactions entre climat et géopolitique, qu’il considère dans ses multiples dimensions : la puissance, le pouvoir, la sécurité et les territoires.

Dans l’Histoire, le couple climat-puissance n’a pas toujours joué la même partition. Dans les sociétés agraires d’antan, très sensibles aux aléas climatiques, le climat jouait en faveur de la puissance ou contre elle. Avec le recours croissant aux énergies fossiles, la puissance s’est construite au détriment du climat. Ainsi, après les tournants de la première révolution industrielle et de la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale a consacré un modèle de développement fondé sur des énergies fortement émettrices de gaz à effet de serre.

Aujourd’hui, la question se pose de savoir si la puissance peut agir en faveur du climat. S’il est peu probable que l’innovation « répare » le climat, elle est en revanche indispensable à la décarbonation. Et l’auteur de plaider pour un « soft power climatique », qu’il illustre notamment par le plan Biden pour le climat ou par la politique de l’Union européenne — laquelle, rappelle-t-il, vise tant à réduire sa dépendance aux importations qu’à peser, par la norme, sur les politiques des États.

Concernant l’interaction climat-pouvoir, l’auteur s’interroge sur les régimes politiques les plus à même de relever le défi climatique. Si Jean-Marc Jancovici déclarait, en 2018, que « la lutte contre le changement climatique se heurte à la démocratie [1] », Pierre Blanc juge à l’inverse que les démocraties sont les plus aptes à lutter contre les effets du réchauffement.

 

En effet, contrairement aux régimes autoritaires, elles peuvent profiter des avancées d’une recherche scientifique indépendante et sont rappelées...

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