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Géohistoire. Une autre histoire des humains sur la Terre

Analyse de livre

Ce livre apporte une clef de lecture précieuse pour appréhender la situation géopolitique contemporaine, marquée par le retour en force des empires (Chine, Russie, Iran, Turquie) et leur opposition désormais frontale à l’Occident. Il éclaire les conditions géohistoriques qui ont justifié la création de ces empires, leur longévité géopolitique, mais aussi l’attachement culturel de leurs populations aux structures politiques centralisées et autoritaires.

Grataloup Christian, Géohistoire. Une autre histoire des humains sur la Terre, Paris : Les Arènes, octobre 2023, 528 p.

Le premier point commun des quatre empires précités est qu’ils se sont tous trouvés au bord d’un axe est-ouest, les steppes d’Asie centrale, qui étaient dominées par des sociétés de cavaliers nomades dont les Mongols furent les plus illustres représentants. Les sociétés sédentaires jouxtant cet axe n’ont pu se protéger de ces envahisseurs récurrents qu’en jouant sur deux types de stratégies : atteindre des dimensions conséquentes impériales faisant poids à la force de frappe des envahisseurs ; embaucher comme mercenaires certaines tribus de cavaliers nomades, en prenant le risque que leurs chefs finissent par prendre le pouvoir, ce qui s’est plusieurs fois produit. C’est ainsi que deux des dynasties chinoises, les Yuan et les Qing, furent fondées, l’une par un Mongol (le petit-fils de Gengis Khan) et l’autres par un Mandchou. Cette « hantise de l’envahisseur » aurait aussi justifié, particulièrement en Russie, des logiques expansionnistes qui sont toujours aujourd’hui à l’œuvre.

Une autre caractéristique commune à certains de ces empires, a été la nécessité de maîtriser l’hydraulique à grande échelle, soit pour la culture du riz (cas de la Chine), soit pour la circulation commerciale sur de longs fleuves (cas de la Russie). Il y a donc aussi une géographie fluviale des empires.