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Faut-il taxer l’élevage pour réduire son impact carbone ?

Note de veille

Le secteur agricole est à la fois parmi les plus concernés par les impacts du changement climatique et l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre (GES). Afin d’accélérer la réduction des émissions de l’élevage, le Danemark envisage l’instauration un système de taxation spécifique pour le secteur. La proposition, qui devra encore être votée par le Parlement, constituerait une première mondiale, mais poserait des questions quant à son applicabilité et à ses impacts sur les éleveurs.

Le Danemark s’est fixé un objectif de réduction de ses émissions de 70 % d’ici 2030 par rapport à 1990, et de neutralité carbone d’ici 2050. Or, un quart des émissions de GES du pays provient de l’agriculture, ce qui en fait le principal émetteur. L’élevage représente à lui seul 11 % des émissions de GES du Danemark, et les deux tiers sont générés par les bovins. Il est estimé qu’il y a aujourd’hui 1,4 million de vaches au Danemark et que chacune d’entre elles émet au moins deux tonnes d’équivalent CO2 par an [1].

Si les tendances actuelles se poursuivent, le secteur agricole pourrait représenter près de la moitié des émissions du Danemark d’ici 2030, puisqu’elles ne diminuent pas, contrairement à celles des autres secteurs du pays. Des taxations avaient déjà été proposées pour l’industrie et pour le secteur de l’énergie. Le secteur va donc devoir accélérer ses efforts d’atténuation, et le projet de taxation mise pour cela sur la contrainte plutôt que sur des stratégies proactives.

Le projet de loi fait suite à un rapport d’experts qui envisageait trois modèles de taxation possibles pour l’agriculture du pays [2]. Le premier envisage d’imposer une taxe carbone de 750 couronnes (environ 100 euros) par tonne d’ici 2030, soit autant que les autres secteurs économiques. À cet horizon, la taxe pourrait représenter l’équivalent de 100 euros par vache et par an. Elle permettrait de réduire les émissions de GES du secteur agricole de moitié d’ici 2030.

Le deuxième modèle prévoit une taxe deux fois moins élevée. Dans le troisième modèle, la taxe ne serait que de 125 couronnes par tonne, un niveau jugé trop faible par différents experts pour avoir des impacts significatifs. Dans tous les cas, la taxation serait complétée par des subventions pour encourager les actions en faveur de la réduction des émissions de GES et de la préservation de la biodiversité, comme le reboisement et la création de zones humides. Un budget de 500 millions d’euros serait prévu pour financer ces subventions.

Suite à ce rapport, un projet de loi a été rédigé, qui reprend la première option et le mécanisme de subventions associées. Le système de taxation concernerait à la fois les vaches et les porcs, mais ces derniers émettant beauc...