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Et si l’antidote à l’urgence climatique était la diversité économique ?

Analyse de livre

Dans ce livre, Arnaud Florentin propose d’étayer, sur le plan économique, une intuition qui a été partagée par de nombreux pionniers de l’écologie politique : à savoir la nécessité de redonner du crédit aux notions de résilience, de circuit court et de diversité, par rapport aux logiques de spécialisation et de concentration imposées par la mondialisation des échanges. En d’autres termes, retrouver, aux échelons locaux, une « écono-diversité » qui serait le pendant sociétal de la biodiversité déployée dans la nature.

Florentin Arnaud, Et si l’antidote à l’urgence climatique était la diversité économique ?, La Tour d’Aigues : L’Aube, septembre 2023, 192 p.

Le déclin de certaines régions mono-industrielles, comme la Rust Belt autour des grands lacs américains, avait déjà alerté sur les dangers d’une excessive spécialisation. Plus récemment, les ruptures d’approvisionnement en masques et médicaments (pendant la crise de la Covid), et la dépendance de l’Europe au gaz russe ont révélé la fragilité que faisait courir à une société l’extrême dépendance qui allait de pair avec l’extrême spécialisation.

Selon l’auteur, la diversité économique a plusieurs effets bénéfiques. Elle permet d’abord de réduire une dépendance qui, dans les grandes métropoles (qui ne produisent que 4 % de ce qu’elles consomment) a atteint un niveau critique. Elle permet aussi un effet multiplicateur local (qualifié par l’auteur d’« effet flipper ») : plus une économie est diversifiée, plus les entreprises ont de chances de trouver localement des fournisseurs et des clients. Elle favorise enfin la capacité à innover, dont on sait qu’elle vient souvent de la rencontre improbable entre des métiers différents.

Une première difficulté consiste à trouver le bon réglage entre la nécessaire ouverture au monde et le repli sur des modèles économiques circulaires et autarciques qui, trop protégés, se condamneraient à l...