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Entre guerre et paix

Histoire et politique des conflits dans le monde

Analyse de livre

Dans cet ouvrage pertinent et étayé, Sundeep Waslekar, chercheur en relations internationales, coauteur du Manifeste Normandie pour la paix mondiale et fondateur du Strategic Foresight Group, souhaite alerter ses lecteurs de la menace d’un conflit mondial destructeur. Il propose une alternative aux discours des « négateurs » qui nient la réalité du risque d’extermination collective et à ceux des « fatalistes », pour qui la guerre est inévitable et serait inhérente à la nature humaine.

Waslekar Sundeep, Entre guerre et paix. Histoire et politique des conflits dans le monde, Paris : CNRS [Centre national de la recherche scientifique] Éditions, septembre 2023, 344 p.

Dans un premier temps, l’auteur évoque les dépenses militaires en augmentation permanente depuis la fin de la guerre froide et surtout la nature de plus en plus destructrice, rapide et furtive, des armes conçues. Ainsi, les armes nucléaires actuelles sont sensiblement plus puissantes que les deux bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki, et produites dans des quantités bien plus importantes. Leur utilisation entraînerait des conséquences à l’échelle planétaire à travers des « destructions physiques, un effondrement économique, des crises sanitaires et la dévastation écologique » (p. 29). Par ailleurs, le développement d’armes qu’il qualifie de « postnucléaires », comme les missiles hypersoniques ou les cyberarmes, laisse entrevoir des guerres aux impacts encore plus dévastateurs pour l’humanité. Certains États travaillent aussi au développement d’armes létales autonomes, pour lesquelles la prise de décision d’activation et le ciblage des victimes seraient commandés par des algorithmes. Or, les décisions des algorithmes sont dénuées d’esprit critique ou d’intuition, deux qualités qui ont par le passé permis d’éviter des guerres nucléaires. Et des armes biochimiques sont aussi sans doute en cours de développement.

Sundeep Waslekar déplore que les conséquences de l’utilisation de ces armes qu’il qualifie de « cataclysmiques » soient connues des décideurs politiques et militaires, mais trop peu des citoyens ordinaires. Selon lui, les traités de non-agression entre États ne sont pas suffisants pour vraiment éliminer le risque d’un recours aux armes de destruction massive. En effet, si ces derniers permettent de créer un climat plus propice à la coopération, la décision d’utiliser l’arme cataclysmique revient souvent à des individus seuls. Par le passé, certains dirigeants n’ont pas hésité à entraîner la mort de millions de personnes comme on l’a vu avec Hitler.

Sundeep Waslekar rappelle la place qu’ont jouée les nationalismes exacerbés dans la plupart des conflits ayant secoué le monde aux XXe et XXIe siècles. Confondre patriotisme et nationalisme peut être dangereux. Celui qui souhaiterait la grandeur de son pays au détriment de l’humanité utiliserait les armes de destruction massive, ce qui aurait pour conséquence la plus absolue la destruction pure et simple de l’humanité (p. 131).