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Éléments pour un schéma directeur des télécommunications

Schéma général d’aménagement de la France, « Éléments pour un schéma directeur des télécommunications », TRP, 2, novembre 1969, 156 p.

Dans la collection « Travaux et Recherches », éditée par la Documentation Française, la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale entreprend la publication d’études prospectives servant à l’élaboration d’un schéma général d’aménagement de la France.
C’est en 1968 qu’à l’initiative du Ministre délégué Chargé du Plan et de l’Aménagement du Territoire a été mis en œuvre, sous la responsabilité du Délégué à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale et du Commissaire Général du Plan, un système d’étude du schéma d’aménagement. Ce système d’étude a été mis en place auprès de la Délégation en s’appuyant essentiellement sur l’lnstitut de Recherche d’Informatique et d’Automatique.
Le besoin d’un meilleur éclairage des effets des politiques actuelles sur la géographie de la France, la nécessité de développer, avec les moyens adéquats, des politiques à long terme, le souci de promouvoir l’innovation et d’organiser sa propagation pour le service du plus grand nombre sont à l’origine de cette initiative.

Qu’est-ce que le schéma général d’aménagement de la France ? Ce sera à terme un tableau tenu régulièrement à jour des politiques à long terme intéressant l’aménagement du territoire. Outre la description de ces politiques, y figureront les moyens propres à les mettre en œuvre. Parmi ceux-ci seront privilégiées des actions pilotes destinées soit à tester, soit à expérimenter des politiques nouvelles. Enfin, une batterie d’indicateurs permettra d’évaluer ces politiques et de suivre leur réalisation.
Le schéma d’aménagement devra en permanence faire apparaître la cohérence de ses propositions : cela veut dire que chaque politique examinée sera mise en relation avec l’ensemble des tendances profondes de la société, que leurs conséquences dans l’espace seront systématiquement recherchées, que les agents capables de les mettre en œuvre aux différents niveaux géographiques seront identifiés.
Ce projet est ample et ses résultats incertains : il est peu de grandes actions qui n’aient, de manière directe, des effets sur l’organisation géographique de la société ; il n’est pas de grandes décisions qui ne soient intégrées dans un faisceau où interfèrent les comportements des individus et des groupes, la rigidité des procédures, la pesanteur du milieu environnant.
En aménagement du territoire, il n’est d’analyse que systématique ; il n’est de conception rationnelle qui n’oblige à d’importants détours par les voies mal assurées des toutes nouvelles techniques de la décision.
Mais l’incertitude principale réside dans l’investigation du futur lointain. Non pas que nous manquions de connaissances, ni même de certitudes sur la géographie française d’au-delà de l’an 2000. Ni même qu’il ne soit possible de dégager, sur les choses essentielles, des buts clairs pour la collectivité nationale. C’est l’utilisation de ces connaissances, de ces certitudes et de ces buts clairs, pour fonder des politiques de longue haleine, donc forcément évolutives, dynamiques, qui constitue à ce jour l’obstacle principal à la construction immédiate du schéma.
Il faut donc en passer par un grand programme de recherches et d’étude pour développer de manière plus efficace une politique d’aménagement du territoire dont les finalités sont largement connues et désirées par l’opinion publique. Comme naguère l’effort pour fonder une comptabilité nationale et une planification à moyen terme, celui qui est entrepris aujourd’hui devra être connu. Il vise à créer également un état d’esprit commun à ceux qui, dans l’administration, l’université, les grandes entreprises, croient qu’il est à la portée de notre génération de garantir les grands équilibres de la génération suivante, de lui laisser en héritage un territoire plus disponible malgré la marque très profonde que lui impose une économie conquérante et lourdement technicienne.

Les travaux publiés dans cette collection sont donc faits pour informer. S’ils apparaissent imparfaits ou hétérogènes c’est parce qu’il n’a pas paru souhaitable d’attendre que le programme soit réalisé pour les faire connaître. Aucun d’entre eux n’est définitif : pour marquer leur caractère périssable il a paru convenable d’adopter une présentation d’écrits non imprimés. Il existe néanmoins entre eux la logique d’un commun programme à long terme. Les rapports publiés sont pour les uns géographiques et visent à décrire l’organisation future d’un espace, pour les autres techniques et visent à rendre compte de l’organisation possible, dans l’espace, d’un secteur d’activité ou d’un domaine d’action de l’État. Certains sont des rapports de méthode et ont des prétentions quelque peu scientifiques. D’autres se bornent à appliquer ces méthodes dans des analyses systématiques. D’autres encore se rapprochent des documents destinés à l’action : ils proposent des choix, élaborent des politiques. D’autres, enfin, ne prétendent qu’à livrer rapidement une information fraîchement recueillie.
Mais, sans qu’il s’agisse de documents officiels, tous contribueront, comme autant de pièces qu’il faudra ensuite assembler, à élaborer le schéma d’aménagement, donc à préparer l’action des Pouvoirs Publics.