Revue

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Données, empreinte et libertés

Une exploration des intersections entre protection des données, des libertés, et de l’environnement

Recension de revue

Le Laboratoire d’innovation de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) (le LINC) a dévoilé en juillet 2023 son nouveau Cahier innovation & prospective consacré à l’étude des intersections entre protection des données et des libertés (son cœur de métier) et protection de l’environnement. L’angle de traitement, à savoir les intersections entre ces trois sujets, en fait un rapport original et inédit.

« Données, empreinte, libertés. Une exploration des intersections entre protection des données, des libertés, et de l’environnement », Cahiers IP (innovation & prospective), n° 9, juin 2023, 70 p., CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés)

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Actuellement, constate la CNIL, l’empreinte carbone du numérique équivaut à 4 % des émissions globales (2,5 % pour la France). La protection des données permet d’un côté de restreindre au strict minimum la collecte de données personnelles, et en cela elle est compatible avec la notion de frugalité et donc la protection de l’environnement. D’un autre côté, des technologies servant à la protection des données, comme le chiffrement, sont extrêmement consommatrices de ressources et d’énergie.

Autre point de friction possible entre protection de l’environnement et protection des données : dans les années à venir, la protection des données personnelles pourrait bien être mise à mal par de nouveaux dispositifs numériques liberticides en lien avec la protection de l’environnement. En effet, une partie des politiques de lutte contre le changement climatique et ses effets passera par de la surveillance numérique, les données étant au cœur de la « nouvelle planification écologique » de l’État (qui fait l’objet d’une sous-partie dans le rapport). L’ensemble de ces enjeux est analysé dans ce neuvième Cahier IP.

Le premier chapitre est un état des lieux des débats sur l’empreinte environnementale du numérique. Le rapport rappelle que l’empreinte carbone annuelle de la consommation de biens et services numériques en France, en 2020, représentait en 2,5 % de l’empreinte carbone nationale. Si rien n’est fait pour la réduire, l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) et l’ADEME (Agence de la transition écologique) calculent que l’empreinte carbone du numérique en France augmenterait d’environ 45 % en 2030 par rapport à 2020.

Le rapport mentionne également les travaux du Shift Project sur le sujet, qui prévoient eux aussi une augmentation de l’empreinte du numérique dans les années et décennies à venir, notamment du fait de l’augmentation du trafic de données liée au développement de nouveaux services, au développement des usages actuels, à l’équipement des personnes, mais aussi en raison de la baisse des progrès dans l’efficacité énergétique. Par ailleurs, le phénomène d’empilement des technologies (par exemple, la 5G n’a pas fait disparaître les autres réseaux : 2G, 3G, 4G qui coexistent actuellement) pourrait également contribuer à l’augmentation de l’empreinte du numérique dans les années à venir. Parmi les quatre scénarios envisagés dans le travail du Shift Project, seul un scénario basé sur la décélération du trafic de données et la décélération de la ...