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Création audiovisuelle : pour une politique de rupture

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 178, juillet-août 1993

L’industrie audiovisuelle française est en effet sinistrée, affirme O. Thomas. Tout d’abord parce que les budgets des chaînes de télévision sont totalement absorbés par des frais de personnel d’autant plus pléthoriques qu’on embauche au gré des changements politiques, mais qu’on ne licencie jamais, et par les dépenses en matériel qu’entraîne une rapide évolution des équipements. Il ne reste donc plus d’argent pour financer la production.
Ensuite, les chaînes de télévision françaises, plutôt que de se concentrer sur leur véritable métier qui est la diffusion, entendent elles-mêmes produire directement ou par filiales interposées. Captant ainsi à leur profit les faibles budgets disponibles pour la production, elles ne laissent guère de chances aux producteurs indépendants et au demeurant produisent des programmes suivant des normes strictement hexagonales telles que leurs productions sont invendables à l’étranger.
Les crédits étant rares, le jeu stérilisé par des chaînes qui prétendent tout faire à la fois et la collusion importante entre les responsables de chaînes et les grands producteurs, la production audiovisuelle ne fait que baisser en qualité.
Sans doute la situation est-elle moins dramatique s’agissant du cinéma. En revanche, il est urgent que les chaînes de télévision se recentrent sur leur métier de difuseur, que leurs responsables cessent de valser au gré des événements politiques et que, plutôt que d’imposer des quotas de production nationale, soient adoptées un certain nombre de mesures que décrit l’auteur en vue de permettre le développement d’une véritable production nationale de qualité.
Cet article, émanant d’un homme qui a quitté la télévision pour se consacrer à la production, constitue un réquisitoire sans complaisance à l’encontre d’un processus qui expliquerait largement le déficit de production audiovisuelle française de qualité internationale. Mais il contient aussi d’intéressantes propositions pour rompre une situation de type monopolistique que l’introduction de chaînes privées n’a finalement guère modifiée.

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