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Consommation d’électricité : RTE revoie sa copie

Tous les scénarios énergétiques publiés en 2021 faisaient l’hypothèse d’une forte réduction de la consommation d’énergie d’ici 2050 (40 %) afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050, et RTE (Réseau de transport d’électricité), dans son rapport Futurs énergétiques 2050, proposait un scénario avec une consommation totale d’électricité de 645 térawattheures (TWh) en 2050, soit une augmentation de 35 % par rapport à 2019.

La crise énergétique déclenchée par la guerre en Ukraine, qui a provoqué une hausse du coût de l’énergie, notamment celui du gaz qui a une forte incidence sur le prix de l’électricité, n’a pas compromis les approvisionnements énergétiques de l’Europe et les mesures de sobriété ont permis, pendant l’hiver 2022-2023 qui a été clément, une diminution de la consommation d’électricité en France de l’ordre de 9 %, qualifiée d’historique par RTE. Celui-ci a réalisé une étude avec une consultation publique, notamment des entreprises et des associations, afin d’actualiser ses scénarios ; étude dont elle a publié les conclusions le 7 juin 2023.

Cette actualisation s’imposait car le rythme de la transition énergétique doit tenir compte de l’évolution du contexte depuis 18 mois :

  • objectif de l’Union européenne de diminuer de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990 ;
  • guerre en Ukraine qui impose une sortie plus rapide des énergies fossiles avec une moindre disponibilité du gaz ;
  • réindustrialisation de la France.

Il est donc nécessaire d’accélérer l’électrification. Aussi, RTE a-t-il revu ses scénarios sur la base d’une évaluation des besoins en électricité des grands secteurs — logement, industrie, transport. Il propose trois nouveaux scénarios à l’horizon 2035, avec une fourchette de consommation de 500-640 TWh (460 TWh en 2022), le bas de la fourchette correspondrait à une « économie contrariée », mais la consommation devrait être au minimum de 580 TWh pour atteindre les objectifs de décarbonation de l’énergie. Cette accélération de l’électrification nécessite la mobilisation conjointe de quatre leviers clefs : l’efficacité énergétique, la sobriété, le nucléaire et les renouvelables.

Il sera nécessaire de développer l’usage quotidien de l’électricité, notamment celui de la voiture et du chauffage électriques, et de décarboner les sites industriels. La production d’électricité renouvelable pour atteindre cet objectif devrait être au minimum de 280 TWh (120 TWh aujourd’hui, dont la moitié d’hydraulique), ce qui requiert une forte augmentation de la puissance installée dans le solaire et l’éolien, notamment offshore. Quant à la production nucléaire, elle pourrait atteindre 360 TWh — en tenant compte de la mise en service de l’EPR (réacteur pressurisé européen) de Flamanville, le seul nouveau réacteur.

Cette montée en puissance de l’électrification est un défi technique, industriel et financier, alors même que les centrales solaires et éoliennes terrestres sont loin d’être acceptées localement, que la France accuse un net retard dans l’éolien offshore et que le nucléaire n’est pas sans aléas techniques possibles. RTE publiera en septembre une version complète de la mise à jour de son Bilan prévisionnel.

#Énergie électrique #Scénarios #Transition écologique