Black Trends est un recueil de nouvelles original dans la mesure où des auteurs de science-fiction se plongent en 2040 pour imaginer les menaces de demain ; puis chaque nouvelle est ensuite commentée par des experts militaires ou scientifiques. Ces derniers reviennent sur les aspects plausibles du scénario, l’état de la science dans les domaines évoqués, les enjeux géostratégiques actuels et leurs évolutions possibles.
L’initiative n’est pas sans rappeler les travaux de la Red Team Défense créée en 2019 à l’initiative du ministère français des Armées, qui produit tous les ans des scénarios et des artéfacts pour imaginer les conflits de demain. Dans le cas de Black Trends, les éditions des Équateurs ont souhaité mêler des récits provenant d’auteurs français et américains pour diversifier les points de vue et les approches.
L’ouvrage est préfacé par Ali Soufan, ancien agent du FBI (Federal Bureau of Intelligence) et expert en matière de lutte contre le terrorisme. Il revient sur l’apport de la science-fiction comme outil de déchiffrage du monde qui nous entoure et d’aide à la réflexion critique. Il rappelle que l’écriture créative et l’imagination permettent de mieux faire face aux chocs et aux surprises, qui ont été nombreux lors des dernières décennies. Les auteurs de science-fiction amènent leurs lecteurs à envisager l’inimaginable et dans cet ouvrage, les auteurs proposent chacun un scénario futuriste original qui n’a pas encore été envisagé de façon critique.
Florence Gaub, directrice de la division de recherche du Collège de défense de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) à Rome et conseillère spéciale du commissaire européen chargé de la Prospective, et Mathew Burrows, chef du programme prospective du Stimson Center, rédigent l’introduction de l’ouvrage. Selon eux, depuis le début des années 2000, on a constaté un regain d’intérêt de la part des dirigeants pour les sciences du futur, qui s’explique en partie par le nombre de chocs et surprises stratégiques survenus en peu de temps (11 septembre 2001, crise financière de 2009, pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine…). Dans un premier temps, ils reviennent sur l’essor de la prospective depuis les années 1970 et sur ses limites. Ils soulignent les apports de la science-fiction comme outil de réflexion prospective pour penser les ruptures et se préparer aux fameux « cygnes noirs », popularisés par Nassim Nicholas Taleb. Et c’est dans cette optique que se positionne cet ouvrage.
