Revue

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Bilan prévisionnel 2023. Futurs énergétiques 2050

2023-2035 : première étape vers la neutralité carbone

Analyse de rapport

RTE actualise, dans ce « bilan prévisionnel », son rapport Futurs énergétiques 2050, pour la période 2023-2035, à mi-parcours de l’objectif de neutralité carbone que s’est fixé la France à l’horizon 2050. Cette mise à jour et ce bilan interviennent alors que le contexte géopolitique et économique a fortement changé depuis 2021 : guerre en Ukraine suivie d’une crise énergétique, augmentation du prix de certaines énergies (pétrole, gaz), objectifs climatiques européens (Fit for 55) à l’horizon 2030 plus ambitieux (réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’Union d’au moins 55 % d’ici 2030), objectif de réindustrialisation de la France, rivalité sino-américaine.

RTE (Réseau de transport d’électricité), Bilan prévisionnel. Édition 2023. Futurs énergétiques 2050 / 2023-2035 : première étape vers la neutralité carbone, Paris : RTE, octobre 2023, 96 p.

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RTE estime que la sortie des énergies fossiles (60 % de la consommation d’énergie en France) est plus que jamais impérative alors que l’ensemble des dépenses énergétiques s’élevait à 116 milliards d’euros en 2022 (une forte hausse par rapport aux années 2010 où elles étaient inférieures à 80 milliards d’euros) et que, pour y parvenir, la France doit nécessairement électrifier son économie. RTE envisage trois scénarios sur la consommation d’électricité, fonction de rythmes d’évolution différents, de l’électrification des usages et de la production des énergies bas-carbone : « Accélération réussie », « Atteinte partielle » et « Mondialisation contrariée ».

Le premier scénario est le plus volontariste, avec trois mix possibles pour le couple consommation / production. Le deuxième correspond à un succès mitigé, s’expliquant par un retard des mesures d’efficacité énergétique et de la montée en puissance des énergies renouvelables, mais conservant un cadre encore compatible avec l’objectif de la neutralité carbone selon RTE. Le troisième envisage un contexte économique dégradé rendant peu probable l’atteinte de cet objectif de décarbonation. Les scénarios proposent trois fourchettes pour la consommation intérieure d’électricité en 2035 (par rapport aux 475 térawattheures [TWh] de 2022) : 580 à 640 TWh dans le premier, 550 à 600 TWh dans le deuxième, et 525 à 535 TWh dans le troisième.

RTE rappelle que la stratégie d’électrification devra utiliser quatre leviers : la sobriété dans les consommations, l’efficacité énergétique, la production avec des énergies renouvelables d’une part, et le nucléaire d’autre part. Il estime que des économies sont possibles et fait également des prévisions sectorielles sur la consommation. Ainsi, les deux premiers scénarios permettraient de limiter la consommation d’électricité, grâce à une sobriété des consommateurs et au progrès de l’efficacité énergétique contribuant à des économies respectivement de 85 TWh, et au minimum de 75 TWh / au maximum de 100 TWh dans les deux premiers scénarios. S’agissant de la production électrique, RTE préconise une contribution importante des énergies renouvelables (120 TWh aujourd’hui), d’au minimum de 270 TWh en 2035 et si possible de 320 TWh, avec différents panachages : hydraulique, solaire, éolien avec un effort sur la filière offshore où la France est en retard (une puissance installée de 0,5 gigawatt [GW]). Concernant le nucléaire, RTE donne priorité à un scénario de base prévoyant le maintien d’une puissance de 61 GW avec une production ...