En 2017, l’administration Trump a ouvert une vaste enquête sur les pratiques commerciales de la Chine. Depuis cette date, les relations économiques et financières entre les États-Unis et la Chine, premières économies de la planète, se sont tendues. En témoignent, notamment, les restrictions de plus en plus contraignantes établies par les deux pays concernant l’exportation de technologies à fort potentiel d’usage dual (civil et militaire). Le scénario d’une guerre techno-commerciale continue, marquée par une alternance de périodes de vives tensions et d’apaisements temporaires, apparaît aujourd’hui comme la trajectoire tendancielle au prisme de laquelle lire le futur des relations sino-américaines. C’est à ce titre qu’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a introduit le concept de de-risking — que l’on peut traduire par réduction ou atténuation des risques —, pour questionner la nécessité de réorganiser partiellement ou complètement les chaînes de valeur de l’Union européenne afin d’assurer son autonomie stratégique dans ce contexte dégradé.
Largement repris par la Maison Blanche et le G7 réuni à l’été 2023, le de-risking et les stratégies de relocalisation ou de diversification qu’il sous-entend pourraient avoir des implications sérieuses pour l’économie mondiale. Pour l’Europe, minimiser ces risques économiques et commerciaux nécessiterait de trouver un point d’équilibre entre sécurisation de ses approvisionnements et poursuite des échanges, y compris avec la Chine, échanges toujours vitaux pour certains secteurs industriels européens. À ce jour, la définition d’une politique commune pouvant convenir à l’ensemble des États membres tout en prenant en compte les spécificités des relations nouées avec Pékin et Washington apparaît complexe, et sujette à de multiples aléas, pour partie liés au futur même de la relation sino-américaine. Quelle voie définir pour l’Union européenne (UE) au milieu de cette guerre techno-commerciale ? Quelles marges de manœuvre envisageables pour les États membres ?
Avec la contribution d’experts, de ses membres et de ses conseillers scientifiques, Futuribles International s’est attaché à envisager les futurs possibles des relations Chine / Europe / États-Unis à l’horizon 2040 et leurs implications stratégiques pour les organisations européennes, publiques comme privées. De ce travail collectif sont ressorties plusieurs tendances lourdes et incertitudes quant à l’évolution des relations sino-américaines et des relations UE-Chine, ainsi que plusieurs scénarios d’évolution possible du contexte global auquel l’Europe pourrait être confrontée à l’horizon 2040. Cette analyse prospective tire les enseignements de ces travaux, et présente les défis et perspectives de l’UE en matière d’autonomie stratégique.
