Revue

Revue

Atlas of AI

Analyse de livre

Les performances de l’intelligence artificielle (IA) font souvent la une des médias et Kate Crawford, qui est chercheuse chez Microsoft et a inauguré la chaire de professeur invité sur « l’IA et la justice » à l’École normale supérieure, décrit dans son livre ses domaines d’excellence et d’influence à la manière des cartes de géographie d’un atlas. Dans son introduction, elle pose une question piège : peut-on prêter de l’intelligence à une machine ? Elle y répond en balayant deux mythes : en supposant que des ordinateurs seraient semblables aux cerveaux humains et qu’avec des ressources et de l’entraînement on pourrait « créer » de l’intelligence, et que celle-ci serait indépendante d’un contexte social, culturel, historique et politique. Ces deux mythes sont très prégnants dans l’IA, et Alan Turing et John von Neumann les ont confortés, dans les années 1950, l’un prédisant que l’on pourrait construire des machines « pensantes » ; l’autre affirmant que le système nerveux humain est numérique, une affirmation déjà contestée à l’époque. De fait, affirme-t-elle, l’IA n’est ni artificielle ni intelligente ; ayant besoin de ressources naturelles et du travail humain, elle n’est pas autonome.

CRAWFORD Kate, « Atlas of AI », Yale University Press, avril 2021, 336 p.

Kate Crawford assimile l’IA à une industrie extractive – elle exploite...