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Alimentation : du supermarché à la pharmacie ?

De nouveaux traitements pour traiter le diabète et l’obésité font fureur. Ce sont des molécules qui imitent une hormone gastro-intestinale (Glucagon-Like Peptide 1 / GLP-1), tels le sémaglutide ou le tirzépatide, et activent les fonctions de régulation de l’appétit dans le cerveau [1]. Le premier traitement, fabriqué par le groupe danois Novo Nordisk, a été autorisé aux États-Unis en 2017, sous le nom Ozempic, et cible le diabète. Le groupe a pu ensuite y commercialiser son équivalent contre l’obésité, le Wegovy, en 2021. Le succès de ces molécules, allant jusqu’à la rupture de stock, a permis au groupe pharmaceutique de devenir la première capitalisation boursière européenne, dépassant le géant du luxe LVMH, en septembre 2023 ; son titre en Bourse a vu sa valeur tripler en trois ans.

Le groupe américain Eli Lilly commercialise un traitement similaire pour le diabète depuis 2022, le Mounjaro, et son équivalent contre l’obésité, le Zepbound, vient d’être autorisé en novembre 2023, toujours aux États-Unis. Le traitement, par injection, est vendu 1 060 dollars US pour un mois, 20 % moins cher que le Wegovy. Le marché américain est immense puisque près de 40 % des Étatsuniens sont obèses.

Preuve de l’engouement du public pour de tels traitements appelés couramment dans la presse anglophone « GLP-1 drugs », le géant de la distribution alimentaire Walmart, qui vend aussi de la pharmacie, a déjà pu mesurer que les personnes qui achètent ce type de produits réduisent leurs achats alimentaires. Une étude de Jefferies (une banque d’investissement) sur 800 patients sous ce type de traitement semble indiquer que non seulement, ils mangent moins (20 % à 30 % de calories en moins), mais ils mangent aussi plus sainement : moins d’aliments ultratransformés et moindre appétence pour l’alcool ou le tabac.

Les effets des traitements coupe-faim sur les habitudes alimentaires aux États-Unis (réponses en %)

Source : Jefferies / Les Échos, op. cit.

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