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Difficultés face à l’écrit, un handicap dans des sociétés connectées

Alors qu’à la session 2024, plus de 79 % de la génération concernée a obtenu le baccalauréat en France, les difficultés en lecture parmi la population adulte restent un sujet d’actualité. Une récente enquête menée par l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) permet d’en prendre la mesure.

Parmi les adultes de 18 à 64 ans vivant en France, 10 % connaissent des difficultés dans au moins l’une des trois compétences de base de l’écrit (lecture de mots, production de mots écrits et compréhension de textes simples — les deux dernières concentrant le plus de difficultés), soit environ quatre millions d’individus. Parmi eux, 80 % rencontrent des difficultés fortes.

Difficultés en lecture, illettrisme, analphabétisme…, de quoi parle-t-on ?

Le premier obstacle pour mesurer les difficultés à l’écrit est le choix de l’outil de mesure. Elles peuvent s’apprécier avec des tests spécifiques, non standardisés, comme ceux de l’INSEE, des évaluations nationales obligatoires ou des enquêtes PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), chacune ayant sa méthodologie et ses propres seuils pour définir les difficultés à l’écrit.

L’illettrisme est un concept spécifique qui s’applique uniquement aux personnes ayant débuté leur scolarité en France et n’étant pas ou plus autonomes à l’écrit une fois adultes : 4 % de la population ayant été scolarisée en France est ainsi illettrée d’après l’INSEE. Il ne couvre donc pas les personnes arrivées en cours de scolarité ou plus tard en France. Il est aussi distinct de l’analphabétisme, qui correspond à une absence d’apprentissage de la lecture et de l’écriture, le plus souvent par défaut de scolarisation.

Les difficultés de lecture reculent-elles réellement ?

Les difficultés à l’écrit seraient en baisse, d’après l’INSEE : entre 2011 et 2022, la part de la population adulte rencontrant des difficultés à l’écrit serait passée de 16 % à 10 %, et le taux d’illettrisme de 7 % à 4 %. Cette diminution est principalement liée au renouvellement générationnel et à l’allongement de la scolarité entre les générations interrogées : parmi les personnes nées en 1995 et 2005, 5 % connaissent des difficultés à l’écrit.

Faut-il y voir le signe d’une baisse inéluctable de l’illettrisme en France, au fur et à mesure que les générations plus âgées sortiraient du champ des enquêtes ? D’autres sources invitent au contraire à modérer cet optimisme.

Une part croissante d’élèves en difficulté face à l’écrit

Tout d’abord, les difficultés de lecture sont toujours prégnantes parmi les élèves scolarisés en France. Les évaluations nationales obligatoires de 2023 dressent le même constat : 12,2 % des élèves de sixième n’avaient pas acquis les compétences attendues en compréhension de l’écrit, auxquels s’ajoutaient 37,7 % ayant une maîtrise considérée comme fragile ; pour les élèves de quatrième, la proportion atteignait respectivement 19 % d’élèves à besoins et 36,7 % d’élèves fragiles. Si ces indicateurs ne correspondent pas à ceux de l’enquête INSEE, ils montrent qu’une part importante des jeunes générations est en situation de vulnérabilité face à l’écrit, rendant plus probable une moindre pratique de la lecture et donc une détérioration des compétences au fil du temps.

Les tests de lecture administrés lors des Journées défense et citoyenneté (JDC) donnent des résultats comparables, avec en 2022 11,2 % des participants avec des capacités de lecture très faibles voire inexistantes, auxq...