La question de l’habitat au sens large (c’est-à-dire le logement plus son environnement urbain, logistique, social, serviciel et naturel) est aujourd’hui au cœur de nos grands défis économiques, sociaux, écologiques et politiques.
Les dépenses associées (logement, déplacements, énergie, services urbains) absorbent un bon tiers du revenu des ménages, et plus de la moitié pour les ménages les moins favorisés. Ce sont des dépenses contraintes, en progression constante depuis 20 ans et qui réduisent d’autant le pouvoir d’achat réel. Les consommations correspondantes représentent, en France, les deux tiers des émissions de gaz à effet de serre et justifient les restrictions proposées par certains planificateurs écologiques à l’encontre de l’habitat individuel. Enfin, le sentiment de « déclassement spatial » associé à certains territoires ou à certaines formes urbaines nourrit les votes extrêmes qui menacent les démocraties.
Ce que nous appelons la crise du logement est en fait, plus largement, une crise de l’habitat, une crise de la fabrique urbaine. Si la production de logements est aujourd’hui en berne (bien qu’elle soit soutenue par un système d’aides qui absorbe, en France, près de 2 % du produit intérieur brut), c’est qu’elle doit faire face à une double crise, qui est à la fois une crise de l’offre (difficulté à produire, à trouver du foncier) et une crise de la demande (insolvabilité des ménages, décalage entre demande et offre).
Ce livre a le grand mérite d’aborder cette question de l’habitat dans sa globalité, en croisant les visions prospectives à grande échelle et les observations tirées de situations concrètes et localisées. Il est corédigé par deux professionnels de l’aménagement, et nourri par les contributions d’acteurs issus des sphères publique et privée. Il est donc richement et largement documenté.
Selon les auteurs réunis dans cet ouvrage, la production et l’économie de cet habitat vont être profondément affectées, au cours des prochaines décennies, par plusieurs phénomènes qui vont se télescoper : la nécessité de limiter l’étalement urbain (principe du « zéro artificialisation nette ») aura pour conséquence une raréfaction, et un donc un renchérissement, du foncier. La progression des coûts de la construction (due à la fois au durcissement des normes et aux tensions sur le...
